Merde à la pub

Ce week-end, je suis tombé via Twitter sur une intervention chez Mediapart de Daniel Schneidermann, fondateur/directeur d’Arrêt sur Images :

Internet nous offre le luxe incroyable de nous permettre au moins de tenter d’être financé uniquement par ceux pour qui on travaille, c’est à dire nos lecteurs. C’est le luxe incroyable de pouvoir dire d’emblée « Merde aux investisseurs » et « Merde à la pub ».

J’aimais beaucoup Arrêt sur Images lors de leur diffusion sur France 5. Je n’ai pas vraiment suivi leur aventure sur le web, mais je suis ravi de voir qu’ils s’en sortent bien avec un modèle économique d’abonnement payant, et pas en se reposant sur des bannières publicitaires.

Je suis persuadé que le nombre de bannières publicitaires influe directement négativement sur la qualité journalistique d’un site internet. La semaine dernière, Kelly Stewart imaginait sur son blog comment naissait les rumeurs sur les produits Apple, et je pense qu’on ne doit pas être loin de la vérité :

1. Il est 16h49 un vendredi.
2. Ils sont à quelques dizaines/centaines/milliers de pages vues près pour faire leur mois.
3. Ils écrivent un paquet de mensonges sur un produit fictif et pour ajouter un peu de crédibilité ils ajoutent la fameuse ligne « des sources familières avec le sujet ».

Le problème des sites qui vivent uniquement de la publicité, c’est que leurs revenus dépendent plus du volume de pages affichées que de la qualité de leurs articles. Bien sûr, en écrivant de bons articles, le volume de pages affichées devrait suivre. Mais pas forcément autant qu’en écrivant un article inventé de toute pièce, ou un bon vieux troll des familles. Et surtout, en dépendant de la publicité, ces journalistes ont tout intérêt à ce que vous quittiez rapidement leur site via une publicité. Pas vraiment de quoi les inciter à faire leur travail.

J’ai vraiment le sentiment que se baser sur des bannières publicitaires pour gagner de l’argent, c’est le modèle économique du pauvre. Non pas parce que ça ne rapporte rien. Mais parce que c’est la solution de facilité, qui ne demande pas vraiment de réflexion à mettre en place, et qui ne présente pas vraiment de risque. Mais la plupart du temps je suis convaincu que ce n’est pas la meilleure solution.

La semaine dernière, je suis tombé sur la conférence « Better Revenue Through UX » qui illustre parfaitement ça. Melissa Matross est responsable Expérience Utilisateur chez HotWire, site comparateur de réservations de vols et d’hotels. Elle raconte son travail au sein de l’entreprise, et comment elle a réussi à retirer les bannières publicitaires en faveur d’une fonctionnalité plus subtile.

https://vimeo.com/44071616

J’ai eu de la chance, et mon chef m’a dit quelque chose qui a vraiment fait écho en moi, et qui je pense a changé la direction de ma carrière : « Si tu veux te débarrasser des publicités, trouve un moyen pour remplacer les revenus ».

C’est une déclaration plutôt simple, non ? Ça devrait être évident. Mais ça ne l’était pas Alors je me suis mise à y réfléchir, beaucoup. Je vais vous présenter d’abord la solution, puis comment j’ai décortiqué le problème.

La solution pour remplacer de la publicité

Voici à quoi ressemble l’outil qui a remplacé la publicité. Dans le coin en haut à droite, il y a cette petite boîte grise. C’est assez subtil. Ça dit « Comparez avec d’autres sites ». Et on y trouve quelques cases à cocher vers nos concurrents. Certaines sont pré-cochées, d’autres pas. Quelque chose de vraiment simple, et qui ne vous saute pas au visage. Mais c’est quelque chose que nos clients ont adoré.

Comment ça marche ?

  1. L’utilisateur fait une recherche pour un vol, un hotel ou une voiture.
  2. Il voit des prix intéressants, et se dit « Laissez moi voir si ce sont vraiment de bons prix ».
  3. Il remarque la boîte « Comparez avec d’autres sites » judicieusement placée au dessus des résultats de recherche.
  4. Il pense : « Hey c’est trop facile. Hotwire doit vraiment avoir les meilleurs prix puisqu’ils me permettent de comparer avec d’autres sites. Mais je vais quand même aller vérifier de toutes façons… »
  5. L’utilisateur coche en moyenne 3 cases et va vérifier sur les autres sites.
  6. Hotwire est payé pour chaque recherche effectuée sur les autres sites.

Je vous laisse regarder la conférence (seulement 15 minutes), mais il se trouve que ça a plutôt bien marché pour eux.

Si vous avez un site, un produit, une application, et que vous souhaitez le monétiser, réfléchissez à toutes les solutions qui s’offre à vous avant de vous jeter sur des bannières publicitaires.