Sherlock Holmes

Vue sur Reddit, la page affichée par Google Maps si on n’a pas JavaScript.

"When you have eliminated the JavaScript, whatever remains must be an empty page."

When you have eliminated the JavaScript, whatever remains must be an empty page.

En référence à une citation de Sherlock Holmes :

Une fois qu’on a éliminé l’impossible, ce qui reste […] doit être la vérité.

Ça pourrait être un clin d’oeil rigolo si ce n’était pas un triste état des lieux du Web.

Entre les accolades

Lu chez Jeremy Keith, un très chouette résumé de CSS :

Dans un article intitulé « Side Effects in CSS » écrit il y a quelques temps, Philip Walton parle des différents challenges de l’écriture de CSS :

Il y a deux types de problèmes en CSS : les problèmes cosmétiques, et les problèmes architecturaux.

Les problèmes cosmétiques sont résolus en faisant ressembler quelque chose à ce que vous voulez. Les problèmes architecturaux sont plus plus délicats car ils ont plus des effets sur la maintenabilité sur le long terme, la modularité, l’encapsulation. […]

La plupart du temps, quand j’analyse des CSS et que j’essaye de déterminer si elle sont bien ou pas (et je sais que c’est très subjectif), je suis préoccupé par ce qu’il y a en dehors des accolades.

selector {
    property: value;
}

Le contenu à l’intérieur des accolades (les propriétés et leurs valeurs), c’est là où les problèmes cosmétiques sont résolus. C’est aussi le contenu que vous pouvez facilement rechercher. Je ne retiens certainement pas toutes les propriétés et valeurs possibles en CSS dans ma tête. C’est aussi facile à évaluer : est-ce que ça fait ressembler le truc à ce à quoi vous voulez que ça ressemble ? Oui ? Bien. Ça fonctionne.

Le contenu à l’extérieur des accolades (les sélecteurs), c’est plus difficile à juger. Il faut l’évaluer avec beaucoup de « et si ». Et si cela cible quelque chose que vous n’aviez pas l’intention de cibler ? Et si le balisage change ? Et si quelqu’un d’autre écrit des CSS qui annulent ça ?

En décembre, écrivez et partagez vos articles avec le hashtag #nowwwel

Il n’y aura pas de 24 jours de web cette année. Ce n’est pas une phrase très rigolote à écrire. Mais j’en suis le principal fautif. J’étais plein d’idées pour lancer cette cinquième édition du « calendrier de l’avent des gens qui font le web d’après ». Cet été, j’avais même sollicité mon confrère Christophe pour retravailler la charte du site. Cette année, j’étais aussi accompagné dès le départ de Mylène, Brice et Vincent (qui m’avaient porté secours l’an dernier pour que tout puisse être prêt à temps). On avait plein de bonnes idées sur des personnes qu’on aurait aimé inviter à écrire.

Et puis j’ai tardé à lancer l’appel à auteurs, le 17 octobre seulement (contre le 7 septembre l’an dernier). Le tweet a été aussi bien relayé que l’an dernier (20110 impressions en 2015 contre 20540 impressions en 2016, d’après les statistiques de Twitter). Mais cela n’a pas suffit à réunir suffisamment de propositions d’articles (19 contre 67 l’an dernier). Après avoir annoncé ça sur Twitter, beaucoup de gens se sont proposés pour venir en secours et écrire quelque chose. C’est cool. Ça fait vraiment chaud au coeur de voir que le projet tient à coeur à énormément de monde.

Mais je manque malheureusement de temps. 24 jours de web est un projet qui prend énormément de temps. Les années précédentes, j’y consacrais au minimum une à deux heures par jour entre novembre et décembre. Cette année, pour plein de raisons personnelles, c’est un miracle si j’arrive à me dégager une heure par semaine pour me consacrer à ce projet. Ce n’est même pas suffisant pour déléguer des tâches pour que le projet puisse avancer. Je n’ai pas envie de sortir une nouvelle édition pour dire de sortir une nouvelle édition. Je n’ai pas envie que les auteurs doivent se précipiter à écrire leurs articles parce que je ne leur ai pas laissé assez de temps. Je n’ai pas envie que tout ça se passe dans la douleur, sous la contrainte, sous la pression.

Alors il n’y aura pas de 24 jours de web cette année.

Mais qu’à cela ne tienne !

Profitons de cette pause pour faire les choses autrement. Un des objectifs de 24 jours de web a toujours été de motiver la communauté des concepteurs et conceptrices web francophones à écrire en français. S’il y a pléthore d’articles en anglais, je suis convaincu qu’il n’y aura jamais assez d’articles en français sur nos métiers. J’ai commencé à faire du web adolescent, à une époque où mon niveau anglais ne me permettait certainement pas de comprendre et d’assimiler des articles techniques complexes. Écrire en français, c’est un bon moyen de donner le goût du web aux francophones qui nous entourent au quotidien.

Alors écrivons !

Écrivons sur les sujets autour de la conception Web qui nous tiennent à coeur. Intégration, développement, graphisme, rédaction, gestion de projet, … Peu importe votre coeur de métier, que vous soyez étudiant ou professionnel depuis vingt ans, vous avez surement quelque chose à raconter. Une anecdote sur un projet que vous avez réalisé, un coup de coeur pour quelque chose que vous avez découvert cette année, un coup de gueule contre une tendance qui vous énerve. Ou alors cette idée d’article qui vous trotte depuis beaucoup trop longtemps en tête. Vous avez forcément quelque chose à raconter.

Entre le 1er et le 24 décembre 2016, publiez votre article en ligne. Si vous avez un blog à vous, c’est cool. Sinon vous pouvez en créer un gratuitement sur Medium, WordPress.com, Tumblr ou encore Telegra.phVous pouvez aussi toquer à la porte de sites participatifs comme Alsacréations, OpenWebGroup, Putain de code !, Les IntégristesLa Ferme du Webletrainde13h37, Pompage, Grafikart, Creative Juiz, Webdesigner TrendsZeste de savoirOu alors faites ça sur Github Pages, Mozilla Thimble, ou CodePen. Ce qui compte, c’est de publier.

Afin d’éviter que tout le monde ne publie le même jour, j’ai mis en place un sondage/calendrier sur Framadate. Si vous avez l’intention de participer, indiquez votre nom ou pseudonyme, et choisissez une date à laquelle vous aimeriez publier votre article.

Enfin, partagez votre article sur Twitter avec le hashtag #nowwwel. Et laissons le web faire le reste. En suivant #nowwwel tout le mois de décembre, j’espère sincèrement qu’on aura le plaisir de découvrir des dizaines de nouveaux articles intéressants.

Il ne tient qu’à nous de participer. En ce qui me concerne, j’ai déjà au moins une idée d’article à écrire (pour occuper ma seule heure de libre par semaine).

Et vous ?

Rien n’est nouveau sous le soleil de la technologie

David Pogue, dans une colonne pour Scientific American :

J’ai remarqué qu’en tant que journaliste tech, il est impossible d’écrire à propos d’une «nouvelle fonctionnalité» sans subir les railleries des fanboys et fangirls, qui hurlent rapidement que leur marque préférée avait cette fonctionnalité en premier.

Après mûre réflexion, j’en suis venu à me dire qu’il n’y a qu’une seule façon de plaire à tout le monde : en donnant une généalogie complète de n’importe quelle fonctionnalité introduite dans n’importe quel produit. Ça donnerait quelque chose comme ça.

Apple espère que son nouveau, et énorme, iPad Pro sera suffisamment attirant pour les gens qui utilisent un ordinateur portable. Pour ça, Apple offre un nouvel accessoire à 100 $ appelé l’Apple Pencil. C’est un stylet qui vous permet d’écrire ou dessiner sur l’écran. (L’Apple Pencil n’est pas une idée nouvelle ; sa source d’inspiration évidente est le stylet fourni avec les tablettes Surface Pro de Microsoft [Bien sûr, le stylet électronique de Microsoft n’est que le petit enfant du stylet qui accompagnait les PalmPilot à la fin des années 90. (Et ceux-ci étaient clairement basés sur la KoalaPad de 1984 pour l’Apple II, la première tablette graphique pour ordinateur domestique [qui elle-même était une amélioration de l’Apple Graphics Tablet, une version rebrandée de la BitPad de Summagraphics (une évolution de la tablette Rand Grafacon de 1964 [dont les racines peuvent être tracées jusqu’au Telautograph d’Elisha Gray, le premier appareil électronique à écriture manuscrite, breveté en 1988 (qui s’inspirait clairement d’un crayon [le descendant du fin métallique stylet qui, tel qu’il était connu, était utilisé par les Romains pour écrire sur du Papyrus ou des tablettes de cire])])])]).

Voilà… tout le monde est content ?

All the Slender Ladies

Dans la dernière vidéo de Feminist Frequency, Anita Sarkeesian aborde la représentation du corps des femmes dans les jeux vidéo :

Quand la majorité des femmes qui peuplent les mondes de ces jeux sont conçues à partir du même moule étroit, le problème n’est pas juste ce qu’on voit dans ces jeux. C’est ce qu’on ne voit pas. Le fait que des femmes rondes, ou des femmes avec des corps de différentes formes, ne soient jamais présentes dans ces mondes renforce l’idée fausse que ces femmes ont moins de valeur, sont moins dignes de reconnaissance, que les femmes dont les corps s’approchent le plus des standards culturels de beauté.

Les exemples utilisés dans la vidéo sont tous édifiants. Mais je crois que celui qui m’a le plus marqué est celui de Street Fighter, probablement parce que je m’étais habitué à voir ça sans me poser de question depuis que je suis tout petit.

street-fighter-femfreq

Weird Browsers

Vu sur Twitter (via Marie) : Niels Leenheer, le créateur de HTML5test.com, donne une conférence sur les navigateurs présents sur des appareils exotiques (télévisions, liseuses, consoles de jeux, appareils photo numériques, micro-ondes, …). J’adore ce sujet (que j’ai pour coutume d’appeler « intégration de l’extrême »). Sa fausse démo de contrôle d’un navigateur à base de gestes (à 17:35) est particulièrement marquante. Sa comparaison des largeurs de viewports sur TV et consoles est aussi très intéressante. Et j’ai aussi appris que, tout comme sur l’Apple TV, il n’y a pas de navigateur par défaut sur Android TV.

HTML, CSS et JavaScript

Je conserve ici ce slide de Heydon Pickering sur HTML, CSS et JavaScript parce qu’il est presque parfait.

CSS - JS - HTML

J’aurais juste laissé CSS au dessus de HTML, et ça aurait été l’illustration parfaite pour répondre à tous ceux qui cherchent à construire des « applications robustes » toutes en JavaScript. À mettre en contraste avec cet autre slide posté en janvier dernier.

La pyramide alimentaire du Web

La différence entre un développeur junior et un développeur senior

Vu sur Twitter, ce tweet de Vicky Harp :

Un utilisateur réclame une fonctionnalité déjà existante dans le produit.
— Le développeur junior : « lol, idiot d’utilisateur »
— Le développeur avancé : « Fermé – Résolu »
— Le développeur senior : Ouvre un bug d’utilisabilité.

C’est tellement bien résumé.

Réinventer la roue

Je suis tombé récemment sur cet article initialement intitulé « Quand ne devrait-on pas utiliser WordPress ? ». J’ai d’abord cru à un article satirique, puis j’ai vite réalisé que l’auteur était sérieux. Parmi les arguments avancés pour justifier une utilisation systématique de WordPress, j’ai sursauté sur le suivant.

  • Il ne sert à rien de réinventer la roue.

Non merci ! Trop occupés

C’est un argument que je n’aime pas trop, mais que j’ai déjà entendu de la part de clients. Pour commencer, je n’aime pas la comparaison avec la roue. Je ne suis pas un travailleur à la chaîne qui assemble des pneus. Je suis intégrateur. Je me vois plus comme un artisan que comme un ouvrier sur une chaîne de montage.

Alors prenons une autre métaphore. Par exemple, la cuisine. Si vous allez dans un supermarché, vous trouverez certainement de quoi vous nourrir jusqu’à la fin de vos jours sans avoir jamais à cuisiner. Plats préparés, surgelés, conserves. Rien de telle qu’une bonne ratatouille surgelée, non ? Non ? Non ?

Mais alors, à quoi bon réinventer la ratatouille ?

Le premier argument qui me vient à l’esprit, c’est bien entendu la qualité. En cuisinant moi même une ratatouille, je connais la qualité de mes ingrédients.

Le second argument, c’est la facilité de personnalisation. Vous n’aimez pas les poivrons ? Aucun problème, je vous fait une ratatouille sans poivron.

Le dernier argument, c’est le plaisir. Découper soi même amoureusement ses aubergines, courgettes et tomates, et les faire revenir langoureusement à la poêle, c’est quand même autre chose que jeter un sachet plastique surgelé dans le micro-onde.

La ratatouille du film ratatouille, cuisinée par… Rémy

Le parallèle avec l’intégration, ou même le développement au sens large, n’est pas bien difficile à faire. Je suis un codeur dans l’âme. J’aime savoir comment fonctionne quelque chose avant de l’utiliser. J’ai besoin de m’assurer de la qualité de ce que j’utilise. J’aime aussi concevoir des pages et interfaces sur mesure, correspondant à un besoin précis. Et j’éprouve beaucoup de plaisir à faire tout ça, même si ça nécessite que j’y passe beaucoup de temps ou que j’y laisse quelques cheveux.

De la même manière que je pourrais me contenter de manger du surgelé tous les soirs, je pourrais me contenter de claquer du WordPress sur tous mes projets. Mais j’y perdrais surement vite goût.

Toute la subtilité de mon métier réside alors mon propre jugement de ma capacité à réinventer la ratatouille. Si on est vendredi à dix-sept heures et qu’il faut impérativement que je livre une page avec un carousel en 3D pour dans trente minutes, il y a des chances pour que je me jette sur la première bibliothèque faisant ça proprement que je trouverais.

Et ça ne signifie pas non plus que je vais systématiquement réessayer de réinventer la roue. J’aurais peu d’intérêts à créer mon propre pré-processeur CSS, mon propre langage de programmation, mon propre système d’exploitation, etc.

Pour citer Carl Sagan (dans un moment de télévision tel qu’on ne ferait plus de nos jours) :

Carl Sagan: If you wish to make an apple pie from scratch, you must first invent the universe.

Si vous souhaitez faire une tarte aux pommes à partir de zéro, vous devez d’abord inventer l’univers.

La semaine dernière, je suis tombé sur cet autre article intitulé « Je sais comment programmer, mais je ne sais pas quoi programmer ». Ce passage m’a apporté un autre argument pour réinventer la roue :

Dans la communauté du logiciel, l’attitude générale est de ne pas réinventer la roue. C’est presque mal perçu si vous réécrivez une bibliothèque quand une option mature et stable existe. Si c’est une bonne règle en général, les débutants ne devraient pas avoir peur de réinventer la roue. Quand c’est fait pour apprendre et pour s’entraîner, c’est très bien de faire une roue. C’est une partie importante de l’apprentissage. Par exemple, écrivez votre propre version de ls, mv, wget ou cowsay. Si vous souhaitez partir sur un jeu, alors faites un clone de Pong, Tetris ou Space Invaders. Vous n’avez pas besoin de reprendre toutes leurs fonctionnalités ou d’en faire une réplique exacte, mais vous démarrez avec votre objectif et une feuille blanche, et vous faites en sorte d’y arriver.

Il s’avère que Jeff Atwood avait écrit sur ce thème en 2009 :

« Ne réinventez pas la roue » devrait être utilisée comme un appel aux armes pour s’enrichir de toutes les solutions existantes, et pas comme une matraque pour affaiblir ceux qui voudraient légitimement construire quelque chose de mieux ou améliorer ce qui existe déjà. De ma propre expérience, malheureusement, c’est plus souvent ce dernier cas que le premier.

Donc, non, vous ne devriez pas réinventer la roue. À moins que vous ne prévoyiez d’en savoir plus sur les roues.

Les métiers du Web nécessitent un constant réapprentissage (« Les bonnes pratiques d’aujourd’hui seront les mauvaises pratiques de demain », disais-je il y a quatre ans). Réinventer la roue, c’est aussi une façon de s’assurer de rester dans la course plutôt que de regarder la roue tourner.

Le nouveau benchmark

Lu le mois dernier : ce commentaire sur Hacker News (via Twitter) en réaction à un test du dernier Macbook.

J’ai trouvé cette affirmation intéressante :

« Les nouvelles spécifications vous offrent une meilleure performance, mais aussi une meilleure durée de vie de la batterie avec, selon Apple, 10 heures de navigation web ou 11 heures de lecture de films iTunes. »

La lecture de films était autrefois considérée comme un test de facto de la rigoureuse autonomie qu’un ordinateur pouvait avoir. Les DVD tournoyant et les disques durs ont été remplacés par des SSD, et le décodage de vidéo avec accélération matérielle a remplacé l’utilisation maximale de votre processeur.

En revanche, la navigation web était autrefois considérée comme une utilisation légère de batterie. Récupérer du contenu réseau en mémoire, analyser du HTML de base, etc. Maintenant, avec JavaScript partout et la complexification grimpante des pages web, la navigation web est devenue l’une des choses les plus coûteuses que vous pouvez faire, en ce qui concerne l’autonomie. À vrai dire, sur mon Macbook Pro, maintenant qu’OS X indique quels processus consomment le plus d’énergie, les navigateurs web comme Safari et Chrome sont les seules choses que je vois apparaître dans les « Applications consommant beaucoup d’énergie ».

Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle, mais le web est effectivement devenu un nouveau benchmark de facto.

« Bobbie had a Nickel »

Vu sur Twitter, un long article sur Marissa Mayer et Yahoo, avec notamment cette anecdote invraisemblable.

Près de 4000 employés de Yahoo étaient assis et attendaient que Marissa Mayer arrive pour s’expliquer. […]

Mayer pris une grande respiration. Elle salua tout le monde. Elle leur rappela la confidentialité de cette réunion. Elle déclara avoir parcouru leurs questions, et qu’elle avait quelque chose qu’elle voulait leur lire. Elle tenait un livre dans ses mains. Un livre pour enfant. « Bobbie had a Nickel ».

Elle commença à lire.

« Bobbie avait un nickel rien que pour lui. Devait-il acheter des bonbons ou un cône glacé ? »

Mayer leva le livre, pour montrer aux employés les illustrations.

« Devait-il acheter une pipe à bulles ? Ou un bateau en bois ? »

Une autre illustration.

« Peut-être, quand même, qu’un petit camion serait mieux que tout ! »

Les employés présents dans la salle échangeaient des regards. À leurs bureaux, les employés à distance devenaient embrouillés.

Que faisait Mayer ?

Elle continua à lire.

« Bobbie s’assit et se demanda, Bobbie s’assit et pensa. Quelle pourrait être la meilleure chose qu’un nickel puisse acheter ? »

Mayer sembla sauter quelques pages. Elle lu, avec un peu d’agitation dans sa voix :

« Il pourrait s’acheter un sac de fèves ou une toupie. Il pourrait s’acheter un moulin à vent à offrir à son petit frère. Ou devrait-il s’acheter, se demande Bobbie, une petite boîte à crayons ? »

Mayer semblait lire avec une réelle frustration maintenant, comme si toute la colère et confusion de la salle s’en irait si tout le monde comprenait l’histoire qu’elle lisait à voix haute.

« Bobbie pensa, et soudain une idée brillante lui vint », Mayer lu, atteignant la dernière page du livre.

« Il dépensa son nickel comme ça… »

Mayer leva le livre pour montrer sa dernière illustration. C’était un dessin d’un petit garçon roux à cheval sur un manège.

Quasiment personne ne pouvait voir la page.

Personne ne compris ce que Mayer essayait de dire. […]

C’est quand Mayer est montée sur scène, s’est assise sur sa chaise, et leur a lu un livre pour enfant, en leur montrant les illustrations comme si elle était une maîtresse d’école et qu’ils avaient tous six ans. Plus tard, elle expliqua qu’elle avait lu ce livre parce qu’elle voulait dire que ce qui comptait le plus dans la vie était les expériences, et que son expérience chez Yahoo était fantastique jusque là.

« So yeah, I’m fucking busy. »

Dans sa dernière newsletter envoyée hier, Louis CK s’excuse longuement d’envoyer beaucoup plus de newsletters récemment pour promouvoir sa nouvelle série. J’ai beaucoup aimé ce paragraphe.

Vous vous demandez peut-être, ou avez envie de me demander, mais à l’intérieur de vous même, « Pourquoi est-ce que tu ne laisses pas les gens se désinscrire d’une liste dédiée aux e-mails de Horace and Pete ? ». Et bien, le fait est que j’ai demandé à mes gens du web de créer des options de catégories pour mes listes d’e-mails. Et pour être juste avec eux, ils ont fait exactement ça. Et ils m’ont envoyé un e-mail il y a quelques jours, me montrant ces options et me demandent de les tester et de les valider. Et je n’ai pas regardé. Parce que je suis très occupé en ce moment à faire plein de choses comme, par exemple, emmener mes enfants à l’école le matin, aller les chercher plus tard, demander poliment au chien de ne pas mâcher des choses, construire un abri anti-Trump comme tout le monde, créer et payer pour une série télévisée et vous la distribuer directement. Donc oui, putain, je suis occupé. Désolé d’être vulgaire.

J’ai arrêté de compter le nombre de projets qui ont glissé à cause de clients trop occupés pour répondre. Mais Louis CK illustre parfaitement à quel point répondre à des « gens du web » n’est pas une priorité. Et c’est peut-être aussi bien comme ça.

La dette d’idées

Vu sur Hacker News, le concept de « dette d’idées » présenté par Jessica Abel.

La dette d’idées est quand vous passez trop de temps à vous représenter à quoi un projet va ressembler, trop de temps à penser à quel point ça va être génial de l’avoir terminé et livré au monde entier, trop de temps à imaginer à quel point vous aurez l’air cool, à quel point tout le monde va vous demander, combien d’argent vous allez vous faire. Et beaucoup trop peu de temps à faire le projet.

C’est tout moi, ça. J’ai des tas d’idées de projets, d’articles, de choses vers lesquelles j’aimerais me lancer. Mais je passe une bonne partie de mon temps à rêvasser et imaginer les suites de ces idées une fois lancées plutôt que n’en réaliser ne serait-ce qu’une seule.

Parfois même, j’en parle à des gens, peut-être en espérant avoir des retours me motivant davantage. Je me suis rendu compte après ma conférence à Paris Web en 2014 que j’avais déjà parlé de l’idée de cette conférence à quelqu’un en 2012. C’est dans ce cas plutôt satisfaisant de se rendre compte qu’on a réussi à passer à l’action, même s’il a fallu du temps.

Et j’aime vraiment l’écho que l’expression « dette d’idées » fait à l’expression de « dette technique ». La façon dont je vois les choses, la dette technique nous freine dans le présent à cause du passé. La dette d’idées nous freine dans le présent à cause du futur.

Two product principles often forgotten

J’ai enfin lu cet article gardé dans mes favoris depuis le mois dernier sur le design de produit et le design itératif. La conclusion est très bien :

Vous ne pouvez pas devenir bon dans quelque chose sans avoir la liberté d’y être mauvais pour commencer. Si vous croyez que chaque idée que vous présentez doit avoir l’air géniale, ne soyez pas surpris si vous n’en avez que très peu. Si vous en avez très peu, ne soyez pas surpris si vous en choisissez une mauvaise. Quand vous choisissez une mauvaise idée, l’itération ne la rendra pas bonne, ça la rendra juste achevée.

La publicité n’est pas le modèle économique du Web

Aujourd’hui, Brendan Eich (co-fondateur de Mozilla et créateur de JavaScript) a présenté sa nouvelle société et un nouveau navigateur basé sur Chromium : Brave. Et j’ai tiqué en lisant une partie de son annonce.

Tout le monde parle du blocage de publicité. Les bloqueurs peuvent rendre l’expérience utilisateur du Web bien meilleure. Mais comme l’a noté Marco Arment, ça ne semble pas juste pour de nombreuses personnes. C’est comme du parasitisme, ou même comme le début d’une guerre. Vous ne cliquez peut-être jamais sur une publicité, mais même réaliser l’affichage d’une publicité peut avoir une petite valeur. Avec suffisamment de personnes qui bloquent des publicités, le modèle de financement principal du Web est en péril.

Selon moi, la publicité n’est pas le modèle économique du Web. À vrai dire, je pense que le Web n’a pas de modèle économique. Dire que la publicité est le modèle économique du Web, c’est comme dire que la prostitution est le modèle économique de l’Amour.

Cependant, certaines sociétés ont effectivement fait le choix de la publicité comme principal modèle économique sur le Web. C’est le cas notamment de certains sites de presse, dont le financement tient désormais à un énième article sur Nabilla, Apple, ou je ne sais quel sujet qui va pouvoir générer un maximum de pages vues. D’autres ont toutefois eu le courage de dire merde à la pub.

Ça va faire près de vingt ans que j’ai accès au Web. Et quasiment autant de temps que j’écris, partage, et publie gratuitement du contenu en ligne. Je n’ai pas vraiment de modèle économique dans tout ça. Je le fais parce que ça me plaît. Je le fais parce que j’apprends du retour des autres. Je m’enrichis, mais pas financièrement. Et ça vaut largement la quarantaine d’euros annuelle en hébergement que me coûte ce présent blog.

Et je crois que depuis le début, ce qui m’a toujours plu dans le Web, c’est de lire le blog de monsieur et madame tout le monde. De lire une page écrite par quelqu’un il y a des années. C’est ce « petit tricot universel », comme le dit si bien Marie Guillaumet, auquel chacun peut participer, que ce soit à travers un tweet, un article, une vidéo, une chanson…

Je fais le rapprochement de tout ça avec ce dernier article de Mike Monteiro sur les quinze ans de Wikipedia.

Un bourdon ne peut pas voler.

On m’a énoncé ce fait par les soeurs de Saint Joseph en grandissant à l’école catholique. Comme de nombreux autres enfants. C’est dit comme un témoignage de Dieu au dessus de la science. Selon l’histoire, les scientifiques et experts en aérodynamisme se sont rassemblés, ont fait des calculs et ont réalisé qu’avec sa masse et son envergure, un bourdon n’était pas capable de générer la poussée nécessaire pour s’élever. En d’autres termes : un bourdon ne peut pas voler. Il est trop gros et ses ailes sont trop petites.

Wikipedia ne peut pas exister.

Une collection du savoir humain. Rassemblée par les humains. Pour les humains. À travers le monde. De manière décentralisée. Une organisation à but non lucratif auto-policée fondée par la bonté des autres. Impartiale. Et construite sur un wiki. Où chaque décision est infiniment débattue en comité. En d’autres termes: Wikipedia ne peut pas exister. C’est trop ouvert et ça ne rapporte pas d’argent.

Sauf que ça existe. Et ça existe depuis quinze ans. Quinze merveilleuses années d’humains rassemblant l’histoire de tout ce que l’on sait, de sorte à ce que d’autres humains ne l’oublient pas. Quinze ans de gestion de notre mémoire collective. Quinze ans où l’on s’assure que l’on puisse raconter nos propres histoires. Quinze ans où votre voie a autant d’importance que celle d’un autre. Quinze ans où le peuple rassemble l’histoire du peuple. 28% de la planète vivant aujourd’hui n’ont jamais connu un monde sans Wikipedia.

C’est l’histoire de Twitch Plays Pokemon encore et encore.

Il y a une réplique dans Scrubs où le Dr. Cox dit :

Je suis sur pratiquement sûr que si on enlevait tout le porno sur internet, il ne resterait plus qu’un seul site web, et il s’appellerait « Qu’on nous ramène le porno ! ».

Je suis pratiquement sûr que si on enlevait toute la publicité du Web, il resterait plein de sites très bien.

Le système d’identification de Spotify sur PS3

Hier soir, je me suis connecté pour la première fois à Spotify sur ma poussiéreuse PS3, pour voir. Et à ma grande surprise, le système d’identification est plutôt bien pensé. En plus d’un traditionnel formulaire identifiant / mot de passe, l’application présente par défaut l’écran suivant.

(capture d'écran via jmdgame.fr)

(capture d’écran via jmdgame.fr)

On ouvre Spotify sur son smartphone, on lance un morceau, on choisit de le lire sur sa PS3 dans la liste des appareils distants. Et c’est parti.

C’est rapide et ça fonctionne bien. En particulier pour une console où les gestionnaires de mot de passe sont inexistants, et où la moindre saisie au clavier virtuel est un enfer.

Les utilisateurs de l’Apple Watch découvrent un autre moyen d’avoir les mains libres

Lu en fin d’année dernière sur le Wall Street Journal :

M. Forrest, un manager chez Freebirds World Burrito à Thousand Oaks, en Californie, était en train de couper de la viande quand le minuteur de sa montre a commencé à vibrer et sonner. Avec ses mains recouvertes de jus de viande, M. Forrest a flairé une solution :il a arrêté l’alarme avec son nez.

« Ça marche vraiment », déclare M. Forrest. « Parfois il faut faire ce qu’il faut. »

L’illustration de l’article est vraiment chouette.

Utiliser l'Apple Watch avec son nez

Biais de confirmation

Lu sur le New York Times, « A Quick Puzzle to Test Your Problem Solving », un article interactif sur le biais de confirmation (qui reprend un exemple que j’avais lu il y a quelques mois sur le blog de DrLoser).

Un petit jeu permet de comprendre la politique gouvernementale, l’Amérique des entreprises, et pourquoi personne n’aime avoir tort.

Voici comment ça fonctionne :
Nous avons choisi une règle que certaines suites de trois chiffres respectent, et d’autres pas. Le but est de trouver quelle est la règle.

Nous commencerons par vous dire que la séquence 2, 4, 8 respecte cette règle.

Maintenant c’est à votre tour.

J’adore la façon dont le New York Times a rendu cet article interactif et dynamique avec un formulaire en tout début et les résultats intégrés dans une phrase un peu plus loin.

Exemple d'article interactif sur le site du New York TImes

Ces explications dans le reste de l’article m’interpellent.

Ce puzzle met en avant une sorte particulière de biais de confirmation qui hante les entreprises, gouvernements et individus chaque jour :la tendance du yes-man (et yes-woman). Il est plus probable que nous pensions à des situations positives que négatives, à pourquoi quelque chose pourrait bien se passer plutôt que mal, et à des questions dont la réponse est oui plutôt que non.

Parfois, la réticence à penser négativement n’a rien à voir avec des opinions politiques ou une peur consciente de s’entendre dire « non ». Souvent, les gens ne pensent même pas à poser des questions qui pourraient produire une réponse négative en cherchant à résoudre un problème — comme celle-ci. Au lieu de ça, ils réduisent l’univers possible de questions à celles qui pourraient potentiellement produire un « oui ».

C’est ma hantise en tant que concepteur web : m’assurer que je pose les bonnes questions, et surtout ne pas me satisfaire de voir un client acquiescer à mes propositions.

The Website Obesity Crisis

La dernière conférence de Maciej Cegłowski, « The Website Obesity Crisis », est pleine de citation et d’exemples bons à partager.

Voici un article didactique sur les bonnes pratiques pour augmenter sa performance en ligne qui pèse 3,1 Mo.

Cet article mentionne que Google était capable d’augmenter l’engagement utilisateur dans Google Maps en réduisant le poids des pages de 100 Ko à 80 Ko.

Vous vous souvenez quand Google Maps, la web app la plus sophistiquée de son époque, était trente-cinq fois plus petite qu’un article d’actualité moderne ?

Ou encore :

Les gens ont inventé des mesures créatives pour se persuader que leurs sites mélasses se chargent vite.

Google en a une populaire appelée SpeedIndex. (Vous savez que ça vient de Google quand ils balancent une intégrale dans la définition comme si de rien n’était.)

Mais surtout, j’adore sa pyramide alimentaire du Web.

Les nutritionnistes étaient à fond sur ce concept de pyramide alimentaire. Je pense qu’on a besoin d’une pour le web, pour se rappeler ce à quoi un site sain devrait ressembler.

Voici ce que je recommande pour un site équilibré en 2015 :

  • Une base solide de texte qui vaille la peine d’être lu, formaté avec une bonne dose de balises.
  • Quelques images, avec modération, pour illustrer le design visuel.
  • Un gros morceau de CSS.
  • Et puis, avec parcimonie et seulement si besoin, du JavaScript.

La pyramide alimentaire du Web

The Little Printf

Je suis tombé hier soir via reddit sur ce fantastique compte-rendu d’une conférence de Fred Hébert, « The Little Printf ». C’est beau, c’est poétique, et ça énonce assez joliment des vérités sur les différentes facettes du métier de développeur. Je pourrais citer l’histoire dans son intégralité. Mais voici mes deux extraits favoris.

Quand (chapitre 7), le Petit Printf rencontre un développeur super fier de connaître tous les derniers frameworks à la mode :

— Quels problèmes est-ce que tu résous avec tous ces frameworks ?

— Oh, je m’assure que nous n’utilisons pas quelque chose qui ne va pas avoir du succès, comme ça cette société ne parie pas sur des technologies qui n’ont pas d’avenir. C’est un travail très important, car si tu ne fais pas ça, tu ne pourras trouver personne à embaucher à part des vieux barbus grisonnants en retard, alors que tu veux des fonceurs autonomes qui sont aussi des adopteurs précoces, dit le monsieur.

— C’est amusant, répondit notre ami.

— C’est très difficile ! Dans le monde des startups, si tu veux les meilleurs joueurs, tu dois utiliser les bonnes technologies pour les attirer ! Sinon tu restes coincé avec des retardataires rigides. Personne ne veut être un retardataire rigide.

Le Petit Printf s’exclama : « Non, ce n’est pas ce que je voulais dire », et puis il ajouta « Je trouve ça amusant que les outils sont censés résoudre des problèmes pour nous, mais pour toi, les outils eux-mêmes sont devenus un problème. »

Et pendant que l’homme resta là en silence (sur son nouveau bureau trop cool avec tapis de course), le Petit Printf sauta hors de la pièce.

Chapitre 10, le Petit Printf rencontre un architecte logiciel.

— Ton système est très impressionnant. Est-ce qu’il est rapide ?

— Je ne saurais pas te dire, dit l’architecte. Il devrait, cependant.

— Et comment est le code alors, est-ce qu’il est bon ?

— Je ne saurais pas te dire.

— Est-ce que les utilisateurs en sont contents ?

— Je ne pourrais pas te dire non plus, j’en ai bien peur.

— Mais tu es un architecte logiciel !

— Exactement ! Mais je ne suis pas un développeur. Ce n’est pas l’architecte qui va écrire les modules et les classes, assembler les bibliothèques. L’architecte logiciel est bien trop important pour faire le tour et toucher du code. Mais il parle avec les programmeurs et développeurs, leur pose des questions, leur fournit des conseils. Et si le problème a l’air suffisamment intéressant, l’architecte prend en charge le planning.

— Et pourquoi ça ?

— Parce que nous avons plus d’expérience. Nous en savons plus sur les systèmes et ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Les développeurs peuvent être une extension de notre savoir pour produire des bons systèmes !

— Mais comment sais-tu si les choses se passent bien sans jamais être impliqué dans le code ?

— Nous faisons confiance aux développeurs.

— Donc vous leur faites confiance pour implémenter vos idées correctement, mais pas assez pour qu’ils trouvent leurs propres idées ?

L’architecte logiciel était visiblement secoué par ce commentaire. « Je suppose que j’ai été un peu déconnecté, admet-il finalement. Le problème est qu’au bout d’un moment, on vous demande tellement de travailler sur des idées que vous n’avez plus de bon moyen de les faire tester ou vérifier. » Il fixa le sol, pensif. «Parfois un architecte logiciel ne fait ni de l’architecture, ni du logiciel, il semblerait.»

Le Petit Printf quitta la pièce, et achevant ainsi sa visite, quitte le bâtiment.

Cette histoire est géniale et vous devriez la lire.