Recruter un intégrateur, étape 2 : les C.V.

En janvier dernier, je vous racontais comment j’avais rédigé une petite annonce pour recruter un intégrateur dans ma boîte l’année dernière. Voici le deuxième article de cette petite série vous faisant part de mon retour d’expérience.

La deuxième étape d’un recrutement, c’est d’éplucher les candidatures reçues, et de répondre à chaque candidat. L’année dernière, nous avions reçu une vingtaine de candidatures en l’espace de deux semaines (ce qui nous a suffit pour trouver la bonne personne). Mais je reçois également régulièrement des demandes de stage et de contrats professionnels tout au long de l’année. Et croyez moi, en général ce n’est pas très réjouissant.

Voici quelques points presque automatiquement rédhibitoires (et qui sont réellement arrivés) :

  • Les lettres papier manuscrites. Je travaille dans le web. La dernière fois que j’ai écrit une lettre manuscrite, c’était quand j’étais en vacances dans les Alpes quand j’avais 11 ans. Et surtout, les seuls courriers papier que je reçois, ce sont les appels à cotisations de l’URSSAF, du RSI ou de la RAM. Autrement dit je n’ai déjà pas un très bon à priori de votre candidature avant même de l’avoir lu. Je me doute que c’est ce qu’on enseigne encore dans certaines universités, mais sérieusement, arrêtez ça si vous postulez pour le web.
  • Les pièces jointes. Si vous m’envoyez votre C.V. ou lettre de motivation en pièce jointe, faites le impérativement au format PDF. Les formats doc ou odt ne sont pas universels, et il y a de grandes chances que ça ne s’affiche pas chez moi comme ça s’affichait chez vous. Et surtout, évitez d’envoyer une pièce jointe de 15 Mo, et préférez un lien vers votre site.
  • Votre adresse e-mail. Faites attention à l’adresse e-mail avec laquelle vous envoyez votre candidature. Vous n’avez pas idée du nombre de candidat qui utilise leur adresse personnelle type « kikilefada@caramail.com » pour me contacter.
  • Les fautes d’orthographe. On est en 2012. La plupart des navigateurs ont un correcteur orthographique intégré. Ce n’est plus acceptable.
  • Les candidatures envoyées à la terre entière en copie. Si vous avez trop la flemme d’envoyer un mail unique à chaque entreprise qui vous intéresse, il y a des chances pour que j’ai trop la flemme de vous convoquer en entretien. Mention spéciale pour ceux ou celles qui en plus envoient leurs C.V. à toutes les entreprises en CC (et même pas en CCI).
  • Les candidatures, oui mais en fait, non pas trop. Il m’est arrivé plusieurs fois de recevoir des mails du type « Bonjour, est-ce que vous recrutez, comme ça je pourrais vous envoyer mon C.V. ». Qu’est-ce qui vous retient d’envoyer votre C.V. directement ? Vous n’avez pas de timbre à payer. Si on recrute, ça évite déjà un premier échange inutile. Et si on ne recrute pas, ça nous permet de conserver vos coordonnées pour éventuellement vous recontacter lors d’un futur recrutement.

En tant que recruteur, en postant ma petite annonce, j’ai déjà une petite idée en tête des réponses que je souhaiterais obtenir. Le point essentiel, c’est de me donner l’impression que vous répondez à mon annonce, et que votre réponse n’est pas un copié/collé envoyé à l’identique à toutes les agences web de la région. Bien sûr je ne suis pas dupe, il y aura forcément des éléments communs. Mais il est indispensable que votre C.V. et votre lettre de motivation contiennent des éléments personnalisés répondant précisément à l’annonce.

Le critère déterminant pour moi, c’est d’identifier les candidats qui ont répondu aux perches tendues dans la petite annonce. J’avais volontairement glissé quelques perches pour repérer les candidats qui y paieront attention et y répondront (par exemple « Afin de développer notre activité et poursuivre nos plans de domination mondiale« , « Des connaissances en SF4, L4D2 ou WOW sont des plus non négligeables« ). Ce n’est pas forcément dramatique si vous passez à côté, mais par contre si vous y répondez, ça montre bien que vous avez bien compris le type de profil recherché.

Maintenant concernant votre C.V. en lui même, ne misez pas tout dessus. En janvier dernier, Guillaume Potier résumait très bien la situation dans un article intitulé « Développeurs & startup : vos diplômes et vos CV ne servent à rien (ou presque)« . Je passerais au mieux une à deux minutes à lire votre C.V. et votre lettre de motivation, donc n’en faites pas trop.

L’année dernière, nous avions reçu une vingtaine de candidatures en l’espace de deux semaines. C’est un volume qui reste tout à faire gérable humainement, donc j’ai pris le temps de répondre à chaque candidat. Dans quelques rares cas, je me suis permis de remonter au candidat une ou plusieurs erreurs que je considérais comme grave dans sa candidature (dans l’espoir éventuellement qu’il ne la reproduise pas).

Dans un cas en particulier, le candidat m’avait transmis un C.V. et une lettre de motivation datant de 2010 (soit vieux de plus d’un an). Je me suis permis de lui apporter la réponse suivante.

Bonjour Monsieur,

Je vous remercie de nous avoir transféré un e-mail de candidature datant de mai 2010. Mais comme vous aurez pu le remarquer dans notre annonce, nous sommes très attachés aux détails et nous recherchons un candidat rigoureux. Je vous souhaite bon courage dans la suite de vos recherches.
Cordialement.
Je n’attendais pas particulièrement de réponse. Mais en tout cas, je ne m’attendais surtout pas à ça (les fautes et le gras sont d’origine) :
Bonsoir,
Je n’ai pas changé la date de ma lettre de motivation, il est vrai,une erreur de ma pare, mais désolé que mes motivations n’est pas changé, j’aurais pu vous réécrire la même chose tourné d’une autre manière et cela n’aurais rien changé à mes compétences, ma rigourosité et mon envie de travailler.
Cordialement.

Croyez-moi, quand vous répondez à une annonce, ce n’est pas bien difficile de ne pas être dans les 90% du bas. Par contre, il faudra apporter votre personnalité et votre savoir faire afin de vous démarquer des 10% restants.