Ma connexion de campagne
Depuis un peu plus d’un an, j’habite à la campagne. Le vacarme du ramassage des poubelles au réveil a été remplacé par le chant des oies et le meuglement des vaches. En contrepartie, j’ai dû troquer ma connexion ADSL citadine à 10 Mbits/s contre une connexion ADSL de campagne à 2 Mbit/s.
2 Mbit/s, c’est quand même pas mal. J’ai découvert le web avec une connexion 56 K, et j’ai grandi avec une connexion ADSL à 512 Kbit/s. À 2 Mbit/s, je peux télécharger presque 1 Go en une heure. (Avec une connexion 56 K, il m’aurait fallu plus de 2,5 jours.) C’est une connexion suffisante pour surfer sur le web dans des conditions convenables. Mais il y a quand même quelques inconvénients. Par exemple, dès que je veux regarder une vidéo en streaming. En dehors de Youtube et Vimeo, la plupart des lecteurs vidéo du web sont absolument atroces pour ma connexion. Par exemple ce matin, j’ai voulu regarder une vidéo chez Polygon vantant les graphismes d’un nouveau jeu Star Wars.
Voici ce que j’ai vu.
Autant dire que je ne trouve pas ces graphismes folichons. En forçant manuellement la vidéo en qualité élevée, j’étais déjà plus emballé. Mais j’ai du attendre près d’une minute pour que le lecteur ait téléchargé une dizaine de secondes. J’ai donc rapidement abandonné le visionnage de cette vidéo.
Là où ça se gâte, c’est quand la télévision (via ADSL) est allumée. Je passe alors d’un débit de 2 Mbits/s à 0,2 Mbits/s. Ça devient alors un tout autre monde. À 0,2 Mbit/s, il me faut environ quarante secondes pour charge une page d’un mégaoctet. Le web presque tout entier devient alors très, très lent. Quand il se charge. À 0,2 Mbits/s, n’importe quelle interface reposant lourdement sur du JavaScript devient tout simplement inutilisable. L’écran de chargement de Gmail me semble interminable. Je maudis les sites utilisant des polices personnalisées en CSS, car je suis condamné à regarder des pages sans aucun texte pendant qu’elles se chargent.
Je rencontre aussi parfois des surprises. Par exemple, le soir où Apple annonce le langage Swift et que je veux voir par simple curiosité à quoi ça ressemble, j’essaye de télécharger le livre de présentation sur iBooks.
« 2 heures » de téléchargement restant pour 308 Ko. Ça fait beaucoup. J’ai compris un peu plus tard pourquoi c’était si long. Au même moment, ma Wii U avait décidé de se mettre à jour. 2 Mbits/s moins la télé moins le téléchargement d’une mise à jour pour la Wii U égale plus grand chose pour le web.
Alors face à ça, je m’adapte. Je laisse des pages se charger en arrière-plan, et j’y retourne cinq minutes plus tard, en espérant que tout soit bien chargé. Mais là encore, je maudis certains sites qui forcent le rafraichissement des pages en utilisant une <meta http-equiv="refresh">
. Je maudis aussi les sites qui utilisent un scroll infini plutôt qu’une pagination, parce que ça signifie que je suis condamné à regarder des contenus se charger, plutôt que de passer directement à la page suivante en arrière-plan. Et je maudis aussi les sites qui utilisent des scripts de lazyload pour des images (qui permettent de ne déclencher le chargement des images qu’une fois que l’utilisateur a scrollé jusqu’à leur niveau). Avec ma connexion de campagne, ça signifie que je dois encore une fois attendre devant mon écran que ces contenus se chargent.
Mais tout ça est en passe de changer ! En fin d’année dernière, j’ai découvert qu’Orange avait installé une antenne 4G à trois kilomètres de chez moi. Je suis alors aussitôt passé chez Sosh. J’avais pris un téléphone du boulot pour tester le débit en 4G. J’ai hurlé de joie en voyant le premier résultat sur SpeedTest.
Malheureusement, mon iPhone 5 ne supporte pas la 4G française (à part sur les fréquences de Bouygues Telecom). Mais rien qu’en 3G+, j’ai déjà un débit dépassant les 8 Mbit/s. C’est déjà un grand pas en avant pour moi pour le moment. Et je changerais peut-être de téléphone dans le courant de l’année pour profiter de la 4G.
Alors pourquoi je raconte tout ça ? Parce que ça me fait beaucoup réfléchir sur les statistiques de débit que je peux lire et parfois communiquer à mes clients. Juste parce que j’ai une connexion théorique de 2 Mbit/s ne signifie pas que j’ai ces 2 Mbit/s de disponibles pour surfer sur le web. Même quand ma télévision n’est pas allumée, je suis quasiment en permanence sur Spotify, qui pompe forcément une partie de mon débit.
Ça me fait réfléchir aussi, parce que les bonnes pratiques de report de chargement de fichiers se révèlent en fait être un enfer avec un petit débit.
Et puis ça me fait réfléchir, parce que la connexion la plus rapide avec laquelle j’ai accès au web est désormais sur mon téléphone. J’utilise quasiment en permanence cette connexion partagée depuis mon téléphone sur mon ordinateur. Si mon forfait n’était pas limité en téléchargement (à 3 Go), j’aurais probablement déjà résilié mon abonnement ADSL.