Construire La Bombe en s’amusant

La semaine dernière je vous ai parlé de Richard Feynman (prix nobel de physique et joueur de bongo), en vous incitant vivement à en apprendre plus sur le personnage. Tel que je vous connais, nous n’en avez rien fait. Alors voici une petite anecdote que j’ai découverte il y a pas très longtemps sur Wikipédia.

A Princeton, le physicien Robert R. Wilson encouragea Feynman a participer au Projet Manhattan — le projet de l’U.S. Army en pleine guerre développant la bombe atomique à Los Alamos. Feynman dit qu’il avait été persuadé de rejoindre cet effort pour la construire avant que l’Allemagne Nazi ne développe sa propre bombe. […]

Dû à la nature top secrète du projet, Los Alamos était isolé. De la bouche de Feynman, « Il n’y avait rien à faire du tout là bas ». Ennuyé, il laissa libre cours à sa curiosité en apprenant à deviner les combinaisons de cadenas des armoires et des bureaux utilisés pour des documents sécurisés. Feynman joua pleins de tours à ses collègues. Dans un cas il trouva la combinaison d’une armoire de classement en essayant les numéros qu’un physicien utiliserait (ils se sont avérés être 27-18-28, d’après la base d’un logarithme naturel, e=2,71828…), et il découvrit que que les 3 armoires à classeurs où un collègue rangeait ses notes de recherche sur la bombe atomique utilisaient toutes la même combinaison. Il laissa une série de notes pour plaisanter, ce qui au départ effraya son collègue, Frederic de Hoffmann, et lui fit croire qu’un espion ou un saboteur avait réussi à gagner aux secrets de la bombe atomique.

Je pourrais utiliser ça comme un bon exemple pour parler de mot de passe et de sécurité. Mais ce qui m’a plu ici, c’est l’opposition du sérieux du projet, à l’amusement de Richard Feynman.

Les meilleurs projets sur lesquels j’ai travaillé sont ceux où je me suis le plus amusé. Que ce soit en essayant des nouvelles techniques d’intégration, ou alors en glissant des petites blagues à destination du client. Cela ne signifie pas que ces projets n’étaient pas sérieux.

Il y a quelques temps, j’avais vu une conférence chez TED dont le titre résume bien ma philosophie : Les grands designs sont sérieux (pas solennels).