« Étonnament, ça fonctionne. »

Lu dans une fabuleuse parodie de l’introduction en bourse de Facebook par John Flowers :

2. Publicité

Nous avons essayé de vendre notre produit aux utilisateurs mais cela a échoué lamentablement. Donc, nous nous sommes tournés vers un modèle guidé par la publicité. La façon dont ça fonctionne est que, nous donnons accès à notre produit gratuitement, puis nous appâtons les annonceurs avec la promesse de les relier à des millions de personnes qui détestent payer pour quelque chose. Étonnamment, ça fonctionne.

C’est probablement un des plus forts arguments que je retiens contre la publicité comme modèle économique. Par exemple, comment pouvez-vous attendre à ce que vos utilisateurs Android achètent vos applications alors que toute la plate-forme est poussée par la publicité ?

Réponse : vous ne pouvez pas*.

*D’après une étude Surikate publiée cette semaine (slide 28), 45,6% des utilisateurs d’Android n’ont jamais téléchargé d’application payante (contre 15,7% sur iOS).

Les boutons des réseaux sociaux

La semaine dernière, Olivier Richenstein (designer de l’excellent IA Writer) expliquait son dégoût pour les boutons des réseaux sociaux dans un excellent article dont on pourrait traduire le titre par « Balayer la vermine » :

Vous promettant de vous rendre branché et de promouvoir votre contenu comme par magie sur les réseaux sociaux, les boutons J’aime, Retweeter, et +1 occupent un bon emplacement sur quasiment toutes les pages du World Wide Web. À cause de ça, quasiment chaque site majeur et chaque marque mondiale offre de la publicité gratuitement à Twitter et à Facebook. Mais est-ce que ces boutons marchent ? C’est difficile à dire. Ce que l’on sait pour sûr, c’est que ces boutons magiques promeuvent leurs propres marques, et qu’ils ont tendance à vous rendre un peu désespéré. Pas trop désespéré, juste un petit peu.

Il prend ensuite l’exemple de Smashing Magazine, qui tweetait récemment :

Nous avons supprimé les boutons Facebook et le trafic de Facebook a augmenté. La raison : au lieu « d’aimer » des articles, les lecteurs les ont partagé sur leur profil.

Il liste enfin les principales raisons qui l’opposent à ces boutons :

  • Vous étiez au courant de l’espionnage ?
  • Êtes-vous d’accord pour avoir un site plus lent à charger et au scroll cahoteux ?
  • Si vous n’êtes pas connu, les boutons des réseaux sociaux vous font passer pour le chien qui attends les miettes à côté de la table. Vous avez peut-être une très belle plume et beaucoup à dire, mais vous n’aurez jamais que quelques retweets et « J’aime ». Oui, ce n’est pas juste, mais c’est comme ça. Si vous êtes connu, vous attirerez l’attention, même de vos articles les plus médiocres. Si vous n’êtes pas connu, peu importe à quel point vous êtes bon, au départ ça ne marchera pas. Le bouton qui dit « 2 retweets » sera plutôt lu comme « Cet article n’est pas terrible, mais s’il vous plaît lisez-le quand même. S’il vous plaît ?« 
  • Si vous êtes connu et que votre texte n’est pas si bon, les boutons de partage peuvent sembler avares et injustes (oui, les gens sont jaloux). « 1280 retweets et vous en voulez encore ? Arf, je pense que vous en avez eu assez pour cette bouze. » Quand j’ai commencé à écrire cet article, je voulais citer un article courageux de 37signals expliquant que « c’est le contenu, pas les icônes » qui compte, jusqu’à ce que je me rende compte qu’ils ont maintenant ajouté un bouton « J’aime » et un bouton « Retweeter ».
  • Sur un média plein de publicité et d’auto-promotion, chaque pixel de bruit inutile et de mendicité au clic devrait être évité autant que possible. Moins il y a de bruit, moins il y a de mendicité, moins il y a de publicité secondaires, signifie qu’il sera plus facile, et plus probable, que les gens lisent réellement votre contenu.

J’ai toujours refusé de mettre des boutons de partage sur ce blog pour des raisons plutôt techniques (et pour éviter que les pages ne mettent 3 minutes à charger). Mais ça n’empêche pourtant pas mes articles d’être partagés sur Facebook, Twitter ou même Google+. Est-ce que j’aurais plus de partages sur les réseaux sociaux en ajoutant ces boutons ? Peut-être. Est-ce que je détériorerais considérablement le temps de chargement de mon site en rajoutant ces boutons ?  Absolument.

Recruter un intégrateur, étape 2 : les C.V.

En janvier dernier, je vous racontais comment j’avais rédigé une petite annonce pour recruter un intégrateur dans ma boîte l’année dernière. Voici le deuxième article de cette petite série vous faisant part de mon retour d’expérience.

La deuxième étape d’un recrutement, c’est d’éplucher les candidatures reçues, et de répondre à chaque candidat. L’année dernière, nous avions reçu une vingtaine de candidatures en l’espace de deux semaines (ce qui nous a suffit pour trouver la bonne personne). Mais je reçois également régulièrement des demandes de stage et de contrats professionnels tout au long de l’année. Et croyez moi, en général ce n’est pas très réjouissant.

Voici quelques points presque automatiquement rédhibitoires (et qui sont réellement arrivés) :

  • Les lettres papier manuscrites. Je travaille dans le web. La dernière fois que j’ai écrit une lettre manuscrite, c’était quand j’étais en vacances dans les Alpes quand j’avais 11 ans. Et surtout, les seuls courriers papier que je reçois, ce sont les appels à cotisations de l’URSSAF, du RSI ou de la RAM. Autrement dit je n’ai déjà pas un très bon à priori de votre candidature avant même de l’avoir lu. Je me doute que c’est ce qu’on enseigne encore dans certaines universités, mais sérieusement, arrêtez ça si vous postulez pour le web.
  • Les pièces jointes. Si vous m’envoyez votre C.V. ou lettre de motivation en pièce jointe, faites le impérativement au format PDF. Les formats doc ou odt ne sont pas universels, et il y a de grandes chances que ça ne s’affiche pas chez moi comme ça s’affichait chez vous. Et surtout, évitez d’envoyer une pièce jointe de 15 Mo, et préférez un lien vers votre site.
  • Votre adresse e-mail. Faites attention à l’adresse e-mail avec laquelle vous envoyez votre candidature. Vous n’avez pas idée du nombre de candidat qui utilise leur adresse personnelle type « kikilefada@caramail.com » pour me contacter.
  • Les fautes d’orthographe. On est en 2012. La plupart des navigateurs ont un correcteur orthographique intégré. Ce n’est plus acceptable.
  • Les candidatures envoyées à la terre entière en copie. Si vous avez trop la flemme d’envoyer un mail unique à chaque entreprise qui vous intéresse, il y a des chances pour que j’ai trop la flemme de vous convoquer en entretien. Mention spéciale pour ceux ou celles qui en plus envoient leurs C.V. à toutes les entreprises en CC (et même pas en CCI).
  • Les candidatures, oui mais en fait, non pas trop. Il m’est arrivé plusieurs fois de recevoir des mails du type « Bonjour, est-ce que vous recrutez, comme ça je pourrais vous envoyer mon C.V. ». Qu’est-ce qui vous retient d’envoyer votre C.V. directement ? Vous n’avez pas de timbre à payer. Si on recrute, ça évite déjà un premier échange inutile. Et si on ne recrute pas, ça nous permet de conserver vos coordonnées pour éventuellement vous recontacter lors d’un futur recrutement.

En tant que recruteur, en postant ma petite annonce, j’ai déjà une petite idée en tête des réponses que je souhaiterais obtenir. Le point essentiel, c’est de me donner l’impression que vous répondez à mon annonce, et que votre réponse n’est pas un copié/collé envoyé à l’identique à toutes les agences web de la région. Bien sûr je ne suis pas dupe, il y aura forcément des éléments communs. Mais il est indispensable que votre C.V. et votre lettre de motivation contiennent des éléments personnalisés répondant précisément à l’annonce.

Le critère déterminant pour moi, c’est d’identifier les candidats qui ont répondu aux perches tendues dans la petite annonce. J’avais volontairement glissé quelques perches pour repérer les candidats qui y paieront attention et y répondront (par exemple « Afin de développer notre activité et poursuivre nos plans de domination mondiale« , « Des connaissances en SF4, L4D2 ou WOW sont des plus non négligeables« ). Ce n’est pas forcément dramatique si vous passez à côté, mais par contre si vous y répondez, ça montre bien que vous avez bien compris le type de profil recherché.

Maintenant concernant votre C.V. en lui même, ne misez pas tout dessus. En janvier dernier, Guillaume Potier résumait très bien la situation dans un article intitulé « Développeurs & startup : vos diplômes et vos CV ne servent à rien (ou presque)« . Je passerais au mieux une à deux minutes à lire votre C.V. et votre lettre de motivation, donc n’en faites pas trop.

L’année dernière, nous avions reçu une vingtaine de candidatures en l’espace de deux semaines. C’est un volume qui reste tout à faire gérable humainement, donc j’ai pris le temps de répondre à chaque candidat. Dans quelques rares cas, je me suis permis de remonter au candidat une ou plusieurs erreurs que je considérais comme grave dans sa candidature (dans l’espoir éventuellement qu’il ne la reproduise pas).

Dans un cas en particulier, le candidat m’avait transmis un C.V. et une lettre de motivation datant de 2010 (soit vieux de plus d’un an). Je me suis permis de lui apporter la réponse suivante.

Bonjour Monsieur,

Je vous remercie de nous avoir transféré un e-mail de candidature datant de mai 2010. Mais comme vous aurez pu le remarquer dans notre annonce, nous sommes très attachés aux détails et nous recherchons un candidat rigoureux. Je vous souhaite bon courage dans la suite de vos recherches.
Cordialement.
Je n’attendais pas particulièrement de réponse. Mais en tout cas, je ne m’attendais surtout pas à ça (les fautes et le gras sont d’origine) :
Bonsoir,
Je n’ai pas changé la date de ma lettre de motivation, il est vrai,une erreur de ma pare, mais désolé que mes motivations n’est pas changé, j’aurais pu vous réécrire la même chose tourné d’une autre manière et cela n’aurais rien changé à mes compétences, ma rigourosité et mon envie de travailler.
Cordialement.

Croyez-moi, quand vous répondez à une annonce, ce n’est pas bien difficile de ne pas être dans les 90% du bas. Par contre, il faudra apporter votre personnalité et votre savoir faire afin de vous démarquer des 10% restants.

L’e-mail le plus réussi au monde

Si mes souvenirs sont bons, j’ai passé l’une de mes premières commandes en ligne en 2002 sur CD Baby pour acheter l’album (alors exclusif au site) Electro-Shock Blues Show de Eels. La réception de ma commande fut une excellente surprise, avec un CD gratuit rempli de MP3 de tous les autres artistes disponibles sur le site. Mais surtout, quand vous passez une commande sur CD Baby, vous recevez cet e-mail :

Rémi,

Merci pour votre commande chez CD Baby !

Votre CD a été délicatement extrait de nos étagères chez CD Baby avec des gants stérilisés non contaminés et placé sur un coussin de satin.

Une équipe de 50 employés a inspecté votre CD et l’a poli pour être sûr qu’il soit dans les meilleures conditions possibles avant l’envoi.

Notre spécialiste de l’emballage en provenance du Japon a allumé une bougie et le silence s’est abattu sur la foule lorsqu’il a mis votre CD dans la plus belle boîte enluminée d’or qu’on puisse acheter.

Nous avons tous fait une merveilleuse célébration par la suite et toute la fête est descendue dans la rue de la poste où la ville de Portland toute entière saluait « Bon Voyage ! » à votre colis, en route vers vous, dans notre jet privé CD Baby ce jour, le samedi 2 juin.

J’espère que vous avez passé un bon moment à commander sur CD Baby. C’était le cas pour nous. Votre photo est sur notre mur en tant que « Client de l’année ». Nous sommes tous épuisés mais avons déjà hâte que vous reveniez sur CDBABY.com !!

Si je parle de ça, c’est parce que cette semaine l’excellent Timothy Ferriss a laissé la parole à Derek Sivers, le fondateur de CD Baby et l’auteur de ce mail, pour ce qu’il décrit comme « l’e-mail le plus réussi au monde » :

Ce seul ridicule e-mail, envoyé avec chaque commande, a été tellement aimé que si vous cherchez sur Google « private CD Baby jet », vous aurez plus de 20 000 résultats. A chaque fois, c’est quelqu’un qui a reçu l’e-mail et qui l’a tellement aimé qu’il l’a posté sur son site web et l’a dit à tous ses amis.

Ce seul e-mail toqué a créé des milliers de nouveaux clients.

Quand vous réfléchissez à comment faire grossir votre business, c’est tentant d’essayer de penser à toutes les grandes idées, et les énormes plans d’actions qui vont changer le monde.

Mais sachez que c’est souvent les petits détails qui font vraiment vibrer quelqu’un suffisamment pour qu’il parle de vous à tous ses amis.

Flash sur Windows 8

Le site Windows Within rapportait la semaine dernière qu’Internet Explorer 10 pourrait finalement supporter Flash dans la version Metro de Windows 8 (contrairement aux précédentes annonces de Microsoft). La nouvelle a été confirmée cette nuit, avec la sortie officielle par Microsoft de la 6ème version beta d’IE10, et d’une mise à jour de la feuille de route d’Adobe.

Mais avant que les flasheurs ne se réjouissent, il y a un tout petit hic :

Flash Player sera disponible et supporté par Windows 8 dans ses styles Desktop et Metro sur les plate-formes x86/64 et ARM.

Afin d’assurer la meilleure expérience pour les utilisateurs, Microsoft maintient une liste de compatibilité des contenus HTML et Flash qui sont connus pour bien fonctionner sur Internet Explorer en mode Metro.
Les contenus Flash qui ne sont pas dans la liste de compatibilité ne sont pas affichés en mode Metro dans Internet Explorer sous Windows 8. Les développeurs et utilisateurs auront alors certaines options pour afficher ce contenu, y compris le passage sous Windows 8 Desktop pour le visualiser.

On ne connait pas encore les sites qui auront la chance d’être inclus dans cette liste. Mais Microsoft avait déjà utilisé le même principe de liste de compatibilité pour permettre aux sites optimisés pour IE6-7-8 de s’afficher correctement dans IE9. Dans cette liste de 2590 sites mondiaux, on n’y retrouve seulement 19 domaines .fr.  Et cette liste est uniquement exclusive. Autrement dit, vous pouvez faire une demande pour en sortir, pas pour y rentrer.

Microsoft l’annonce clairement, il s’agit d’une solution temporaire pour laisser un peu plus de temps aux éditeurs de sites pour abandonner définitivement Flash et migrer vers HTML5 :

Ce mécanisme apporte une atténuation à court terme. L’expérience de navigation sur bureau et la plupart des plug-ins n’ont pas été conçus pour des petits écrans, des contraintes de batteries, et de souris. Fournir un moyen facile d’accès vers Windows Desktop est le dernier recours quand aucun contenu équivalent sans plug-in n’existe.

Si je désapprouve personnellement ce retour en arrière de Microsoft et ce choix rétrograde d’inclure Flash sous Windows 8 Metro, je concède qu’il réponds à un besoin et aux réalités du marché actuel. Mais si vous en doutiez encore, tout ça sonne vraiment comme la dernière heure pour Flash sur le web.

Les pratiques mobiles du Mal

De plus en plus, je rencontre des pratiques absolument horribles sur des sites soit disant optimisés pour mobile. Là où j’ai le sentiment que l’ergonomie et l’utilisabilité des sites desktop s’est améliorée, j’ai l’impression qu’on fait un retour 10 ans en arrière sur mobile. Des chefs de projet, graphistes, développeurs et intégrateurs se permettent tout et n’importe quoi sans aucune considération pour les utilisateurs de leurs sites.

Les redirections automatiques foireuses
C’est sympa de vouloir me rediriger d’un site normal vers votre site mobile. Mais si c’est pour me rediriger sur votre page d’accueil mobile, et pas sur la page où je souhaitais aller, ça ne sert à rien.  Cet XKCD décrivait bien ce problème.
Exemple : La Redoute

Les alertes pour télécharger une application mobile
Écoutez, si je viens sur votre site, c’est probablement pour une bonne raison. Peut être que je serais intéressé par votre application mobile, mais clairement pas maintenant, pas tout de suite.
Exemple : La Redoute (encore)

Empêcher de zoomer
Ça, ça me laisse complètement abasourdi. On est en 2012, on a des appareils tactiles absolument  incroyables, qui me permettent de totalement m’approprier le contenu affiché, en zoomant sur ce que je souhaite regarder ou lire. Et pourtant, de nombreux sites mobiles empêchent de zoomer. Il n’y a aucune raison valable pour ne pas laisser un utilisateur zoomer. Arrêtez de faire ça.
Exemple : Amazon

Masquer la barre d’adresse du navigateur
J’aimerais bien étriper celui qui a lancé cette idée. Oh, bien sur techniquement ce n’est pas compliqué, il suffit de faire un window.scrollTo(0,1). Sauf que cette solution est la pire au monde, car elle ne tient pas compte du fait que vous ayez déjà scrollé ou pas. Et surtout en masquant la barre d’adresse et votre propre URL, vous laissez la porte ouverte au phishing.
Exemple : Amazon (encore)

Empêcher d’afficher la barre d’adresse du navigateur
Encore pire que de simplement masquer la barre d’adresse, certains sites empêchent purement et simplement de remonter pour réafficher la barre d’adresse. Ces sites utilisent en général des barres de menu en position:fixed (le tout simulé en JavaScript bien entendu, tant qu’on y est, autant faire dégueulasse jusqu’au bout). Et puis voilà. C’est fini. Vous êtes bloqués sur ce site. Le seul moyen de changer de site, c’est de fermer l’onglet, et d’en rouvrir un autre. Oh, non bien sûr, sur iOS vous pouvez appuyer sur la barre système tout en haut de l’écran pour scroller tout en haut, mais j’ai un doute sur le nombre de vraies personnes qui connaissent ce raccourci, et qui auront la présence d’esprit de l’utiliser.
Exemple : Paper.li

Ce ne sont que quelques exemples que j’ai croisé récemment. Ce qui me dégoûte, c’est que toutes ces pratiques seraient facilement reconnues comme inacceptables sur PC. Sérieusement, vous empêchez aussi à vos utilisateurs de scroller ou de zoomer sur vos sites desktop ? Non. Alors, arrêtez de le faire sur mobile.

Les contraintes de l’intégration

En gestion de projets, il y a un modèle représenté en triangle qui lie les trois principales contraintes d’un projet (le temps, le coût, et la qualité). Cette théorie définit que pour n’importe quel projet, vous ne pourrez choisir que 2 des critères sur les 3.

Le triangle qualité, coût, délai

Dixit Wikipédia :

  • Vous pouvez concevoir quelque chose rapidement et de qualité, mais ça vous coûtera très cher.
  • Vous pouvez concevoir quelque chose rapidement à bas coût, mais ce ne sera pas de très bonne qualité.
  • Vous pouvez concevoir quelque chose de bonne qualité à bas coût, mais ça prendra beaucoup de temps.
Je pense que ce modèle s’applique particulièrement bien en intégration. Mais surtout, on peut le pousser encore plus loin en intégrant tous les critères qui définissent la qualité d’une intégration. On arriverait alors au modèle octogonal suivant.
Le modèle octogonal de l'intégration
Dans ce modèle, vous pouvez choisir deux critères principaux. Les autres critères pourront être affectés, négativement ou positivement. Par exemple :
  • Vous pouvez intégrer une page qui soit parfaitement fidèle au design maquetté, compatible avec l’ensemble des navigateurs, mais ça va surement vous demander beaucoup de temps, coûter cher, et détériorer la maintenabilité et la performance de la page.
  • Vous pouvez intégrer une page qui soit très performante et bien optimisée pour le référencement. Il y a des chances que ça améliore au passage l’accessibilité de votre page. Par contre, le design et la maintenabilité vont en pâtir.

L’intégration, c’est avant tout une histoire de balance. Vous n’aurez jamais le beurre, l’argent du beurre, et la crémière. Vous devez alors faire des choix, qui influeront directement sur le résultat final.

Il est assez courant d’entendre des graphistes râler parce qu’on n’a pas respecté au pixel près leur design. Mais si cet écart du design s’est fait au bénéfice de la performance, du référencement, de l’accessibilité et de la maintenabilité, alors on a quand même réalisé une intégration de meilleure qualité.

A l’opposé, il est particulièrement nocif sur un projet de laisser un critère prendre le dessus sur tous les autres. Quand vous cédez aux retours capricieux d’un graphiste, ou quand vous cédez à la pression d’un chef de projet qui veut son site pour dans une heure, vous devrez forcément négligez les autres critères, et votre intégration ne sera pas qualitative.

Merde à la pub

Ce week-end, je suis tombé via Twitter sur une intervention chez Mediapart de Daniel Schneidermann, fondateur/directeur d’Arrêt sur Images :

Internet nous offre le luxe incroyable de nous permettre au moins de tenter d’être financé uniquement par ceux pour qui on travaille, c’est à dire nos lecteurs. C’est le luxe incroyable de pouvoir dire d’emblée « Merde aux investisseurs » et « Merde à la pub ».

J’aimais beaucoup Arrêt sur Images lors de leur diffusion sur France 5. Je n’ai pas vraiment suivi leur aventure sur le web, mais je suis ravi de voir qu’ils s’en sortent bien avec un modèle économique d’abonnement payant, et pas en se reposant sur des bannières publicitaires.

Je suis persuadé que le nombre de bannières publicitaires influe directement négativement sur la qualité journalistique d’un site internet. La semaine dernière, Kelly Stewart imaginait sur son blog comment naissait les rumeurs sur les produits Apple, et je pense qu’on ne doit pas être loin de la vérité :

1. Il est 16h49 un vendredi.
2. Ils sont à quelques dizaines/centaines/milliers de pages vues près pour faire leur mois.
3. Ils écrivent un paquet de mensonges sur un produit fictif et pour ajouter un peu de crédibilité ils ajoutent la fameuse ligne « des sources familières avec le sujet ».

Le problème des sites qui vivent uniquement de la publicité, c’est que leurs revenus dépendent plus du volume de pages affichées que de la qualité de leurs articles. Bien sûr, en écrivant de bons articles, le volume de pages affichées devrait suivre. Mais pas forcément autant qu’en écrivant un article inventé de toute pièce, ou un bon vieux troll des familles. Et surtout, en dépendant de la publicité, ces journalistes ont tout intérêt à ce que vous quittiez rapidement leur site via une publicité. Pas vraiment de quoi les inciter à faire leur travail.

J’ai vraiment le sentiment que se baser sur des bannières publicitaires pour gagner de l’argent, c’est le modèle économique du pauvre. Non pas parce que ça ne rapporte rien. Mais parce que c’est la solution de facilité, qui ne demande pas vraiment de réflexion à mettre en place, et qui ne présente pas vraiment de risque. Mais la plupart du temps je suis convaincu que ce n’est pas la meilleure solution.

La semaine dernière, je suis tombé sur la conférence « Better Revenue Through UX » qui illustre parfaitement ça. Melissa Matross est responsable Expérience Utilisateur chez HotWire, site comparateur de réservations de vols et d’hotels. Elle raconte son travail au sein de l’entreprise, et comment elle a réussi à retirer les bannières publicitaires en faveur d’une fonctionnalité plus subtile.

https://vimeo.com/44071616

J’ai eu de la chance, et mon chef m’a dit quelque chose qui a vraiment fait écho en moi, et qui je pense a changé la direction de ma carrière : « Si tu veux te débarrasser des publicités, trouve un moyen pour remplacer les revenus ».

C’est une déclaration plutôt simple, non ? Ça devrait être évident. Mais ça ne l’était pas Alors je me suis mise à y réfléchir, beaucoup. Je vais vous présenter d’abord la solution, puis comment j’ai décortiqué le problème.

La solution pour remplacer de la publicité

Voici à quoi ressemble l’outil qui a remplacé la publicité. Dans le coin en haut à droite, il y a cette petite boîte grise. C’est assez subtil. Ça dit « Comparez avec d’autres sites ». Et on y trouve quelques cases à cocher vers nos concurrents. Certaines sont pré-cochées, d’autres pas. Quelque chose de vraiment simple, et qui ne vous saute pas au visage. Mais c’est quelque chose que nos clients ont adoré.

Comment ça marche ?

  1. L’utilisateur fait une recherche pour un vol, un hotel ou une voiture.
  2. Il voit des prix intéressants, et se dit « Laissez moi voir si ce sont vraiment de bons prix ».
  3. Il remarque la boîte « Comparez avec d’autres sites » judicieusement placée au dessus des résultats de recherche.
  4. Il pense : « Hey c’est trop facile. Hotwire doit vraiment avoir les meilleurs prix puisqu’ils me permettent de comparer avec d’autres sites. Mais je vais quand même aller vérifier de toutes façons… »
  5. L’utilisateur coche en moyenne 3 cases et va vérifier sur les autres sites.
  6. Hotwire est payé pour chaque recherche effectuée sur les autres sites.

Je vous laisse regarder la conférence (seulement 15 minutes), mais il se trouve que ça a plutôt bien marché pour eux.

Si vous avez un site, un produit, une application, et que vous souhaitez le monétiser, réfléchissez à toutes les solutions qui s’offre à vous avant de vous jeter sur des bannières publicitaires.

Un navigateur Facebook

Hier, le site Pocket-lint rapportait que Facebook serait en négociation pour racheter Opera. Il ne s’agit que d’une rumeur, mais certains signes semblent confirmer que des négociations pourraient bien être en cours. Mais surtout, cette rumeur relance l’idée d’un navigateur Facebook.

Un navigateur Facebook

Si l’idée n’est pas nouvelle, elle refait surface régulièrement ces derniers temps. Le mois dernier chez CNET, Ben Parr expliquait pourquoi Facebook devrait lancer son propre navigateur :

Pensez-y une minute. En une seule mise à jour, Google pourrait transformer Chrome en sa propre version de Rockmelt. Il s’agirait d’un navigateur social qui mettrait Google+ au premier plan pour ses utilisateurs avant qu’ils n’aient la moindre chance de taper Facebook.com dans la barre d’adresse.

Vous pensez que Google ne le fera pas ? Ils ont déjà commencé à sortir des extensions qui intègrent Google+ dans Chrome. Je soupçonne que ces extensions sont juste des précurseurs de leur intégration dans Chrome.

J’ai un doute sur le fait que Google+ représente aujourd’hui la moindre menace pour Facebook. Mais vu l’insistence de Google à forcer Google+ dans la bouche de ses utilisateurs dans tous ses services, Google+ pourrait devenir une menace.

Là où je pense que Facebook pourrait bénéficier de son propre navigateur, c’est dans la compréhension de ses utilisateurs et la création de nouveaux services. J’ai le sentiment que Facebook arrive un peu au bout du concept de réseau social tel qu’ils l’avaient imaginé. Facebook doit désormais comprendre ce que fait l’internaute en dehors de Facebook. Si les boutons J’aime et autres widgets parsemés sur de nombreux sites leur permettent déjà de nous suivre à la trace, un navigateur Facebook pourrait récolter encore plus d’infos (de la même manière que Google Chrome récolte nos infos pour « améliorer leurs services »). L’idée d’un navigateur social n’est pas nouvelle, et les navigateurs Rockmelt ou le décédé Flock sont déjà passés par là.

Maintenant, j’ai des doutes concernant le rachat d’Opera. D’un point de vue stratégique pour Facebook, ce serait une excellente chose. Opera Mobile/Mini est le navigateur le plus utilisé au monde sur mobile, plus particulièrement en Asie. Là où ça se complique, c’est qu’Opera n’est pas juste un navigateur. C’est un ensemble de solutions professionnelles pour embarquer leur navigateur (comme par exemple avec Nintendo sur Wii et DS). Si Facebook rachète Opera, ils devront aussi s’occuper de ça, et je ne vois pas vraiment l’intérêt.

Mais surtout, le rachat d’Opera risquerait d’atteindre des sommes astronomiques. Le mois dernier, Facebook a racheté Instagram pour 1 milliard de dollars. Instagram, c’est 13 employés, et 30 millions de comptes enregistrés, et zéro euros de bénéfices. Opera, c’est plus de 750 employés, plus de 200 millions d’utilisateurs à travers le monde, et 80 millions d’euros de bénéfices. Même si Facebook veut se lancer de manière sérieuse et stratégique sur le marché des navigateurs, je ne vois pas comment ils pourraient racheter Opera.

Maintenant, un point intéressant que j’ai découvert en rédigeant cet article, c’est que le décédé navigateur Flock n’est plus tout à fait décédé. Depuis début avril, la page d’accueil de leur site affiche une mystérieuse citation de Mark Twain (« The rumors of my death have been greatly exaggerated. »), suivi d’un « Stay tuned« . Vu les tumultes de la vie du navigateur, un retour sous la même forme semble assez improbable. Mais à l’heure actuelle, et ce depuis leur rachat en janvier 2011, Flock est la propriété de Zynga. Zynga, c’est la plus grosse société de jeux sur réseaux sociaux, et qui a elle seule a contribué à 11% du chiffre d’affaires de Facebook en 2011. Un rachat de Flock par Facebook me semble alors beaucoup plus réaliste.

Personnellement, je me demande souvent quelles sociétés pourraient faire leur entrée sur le marché des navigateurs. Si je me dit qu’Adobe pourrait trouver sa place avec un navigateur orienté conception/design/intégration, Facebook semble un prétendant vraiment bien trouvé. Et avec un navigateur de qualité, Facebook pourrait vraiment facilement attirer ses utilisateurs, là où des navigateurs comme IE, Firefox et Safari ont beaucoup de mal à inviter directement de nouveaux utilisateurs. Et dans un futur hypothétique où Facebook sortirait un navigateur, et où ce navigateur rencontrerait un minimum de succès, j’ai bien peur que le grand perdant sur le marché ne soit Firefox. Si vous utilisez beaucoup les services de Google, vous avez tout intérêt à utiliser Google Chrome. Dans une moindre mesure, c’est également vrai pour Microsoft et IE, et pour Apple et Safari. Si vous utilisez beaucoup Facebook, vous aurez tout intérêt à utiliser un navigateur Facebook.

 

La rétro-compatibilité

Je crois que le truc qui me plaît et me fascine le plus dans l’intégration, c’est de savoir que ce que je code aujourd’hui fonctionnera encore demain. Et quand je dis demain, je veux dire dans 10, 20 ou 30 ans.  Je me suis fait la réflexion récemment en revisitant 2 de mes tous premiers sites perso encore en ligne (ici ou ), créés il y a exactement 10 ans.

Ces sites ont été créés à l’époque d’IE6, Netscape et Firebird, sous Frontpage 98, avec une connexion ADSL 512k chez Wanadoo. Mais ils tournent parfaitement aujourd’hui sur Chrome 19, Firefox 14, ou même sur Safari sur mon iPhone en 3G.

En comparaison, si vous avez développé une application sous Mac OS 9 il y a 11 ans, il n’y a quasiment aucune chance pour qu’elle fonctionne encore sous Mac OS aujourd’hui. La même chose est surement valable pour Windows. Et je ne parle même pas du fait que si vous avez gravé à l’époque vos applications sur CD-R, ces derniers sont très certainement périmés et inutilisables.

Sur le web, la rétro-compatibilité est possible grâce aux standards qui essayent de l’assurer dans toutes les spécifications. Et ça souligne bien à mon avis l’importance de ces standards. Il y a quelques mois, Nicolas Hoffmann relatait de manière amusante une conversation qu’il a eu lors du passage à IE7 chez l’un de ses clients, dont voici un court extrait :

— (s’adressant à moi) Vous devez être sous perfusion de stress ces temps-ci !
— Heu non, pas en particulier, pourquoi me dites-vous cela ?
— Bin avec la migration, ça tourne à la catastrophe chez nous.
— Quelle migration ???
— Bin on va passer à Internet Explorer 7, et c’est pas triste avec nos intranets.
— (interloqué) Et pourquoi donc ? Ça fait un bout de temps qu’il est sorti, ça marche plutôt bien, et honnêtement ça a pas changé grand chose par rapport au 6.
— Vous plaisantez ? Les intranets avec ActiveX ne fonctionnent plus correctement, on a des bugs de rendu, ça fait des mois et des mois qu’on bosse à cette migration, et on a problèmes sur problèmes !
— Ah bon ???

Si vous ne vous conformez pas aux standards, vous ne bénéficierez probablement pas de cette rétro-compatibilité. Si vous avez un site qui dépends fortement de Flash, Silverlight ou Real Player, vous commencez surement à en faire les frais.

Ce qui me fait sourire, c’est qu’il y a 10 ans, je ne me serais jamais imaginé pouvoir consulter les sites que je concevais sur des terminaux mobiles tactiles connectés en permanence à Internet. Et alors que le marché des navigateurs était constitué principalement de Microsoft et Netscape/Mozilla, je n’aurais probablement jamais suspecté qu’Apple puis Google entrent aussi sur le marché. Cela me laisse rêveur quant aux façons dont je naviguerais dans 10 ans sur les sites que je crée aujourd’hui. Et surtout, ça m’inspire ce slogan d’Hipster Intégrateur :

I code for browsers that don't even exist yet

Les statistiques des navigateurs

Aujourd’hui, de nombreux sites high-tech se sont empressés de reprendre l’information suivante : Chrome dépasse Internet Explorer et devient le navigateur le plus utilisé. Ce serait chouette si c’était vrai. Sauf que ça ne l’est pas.

Cette « information » se base sur les statistiques agrégées par le site StatCounter. Il fut un temps où je me basais volontiers sur leurs données, jusqu’à ce que je me rende compte qu’elles n’étaient pas toujours juste. En particulier en comparaison avec les données de leur principal concurrent, Net Applications, qui présente encore aujourd’hui Internet Explorer à 54% de parts de marché contre 18% pour Chrome. Pourquoi tant de différences ?

Il y a deux mois, Microsoft expliquait comment comprendre les statistiques de parts de marché des navigateurs. Ces données résultent de méthodologies différentes :

1. Les parts d’usage réel contre les non-usages pré-rendus. Depuis juin 2011 et Chrome 13, Chrome a commencé a faire du « pré-rendu » sur certaines pages web. Avec le pré-rendu, Chrome ouvre des onglets séparés basés sur des recherches sur Google.com ou dans l’Omnibox de Chrome qui sont invisibles pour l’utilisateur. Si l’utilisateur clique ces liens de recherche, alors l’onglet et la page seront affichés. Par contre, une certaine partie de ces liens ne sera jamais cliquée et l’utilisateur ne les verra jamais – restant alors invisibles pour lui et alors ne comptant pas vraiment comme de réelles pages vues. Le mois dernier, Net Applications a commencé à retirer le trafic pré-rendu de Chrome de ses statistiques, en signalant que le « pré-rendu en février 2012 représentait 4,3% des visiteurs uniques quotidiens de Chrome ». [à noter que depuis cet article, StatCounter à également suivi le pas et ajusté ces mesures de données pour Chrome]

2. La balance géographique de l’utilisation des navigateurs basée sur les populations Internet du monde réel. La plupart des sociétés d’analyses qui mesurent l’utilisation des navigateurs font ça sur un réseau de sites partenaires qui les aide à obtenir ces données, mais un seul – Net Applications – fait une « balance géographique » de ces données. Comme Net Application l’explique :

Les données de Net Market Share sont ajustées par pays. Nous comparons notre trafic aux mesures du Trafic Internet par Pays de la CIA, and nous ajustons nos données en conséquence. Par exemple, si nos données mondiales montrent que le Brésil représente 2% de notre traffic, et que les données de la CIA montrent que le Brésil représente 4% du trafic Internet mondial, nous compterons chaque visiteur unique du Brésil en double. Ceci est fait pour contre-balancer nos données mondiales. Toutes les régions ont des marchés différents, et si nos trafics étaient concentrés en une ou plusieurs régions, nos données mondiales seraient affectées de manière inappropriées par ces régions. L’ajustement par pays retire tout favoritisme par région.

C’est absolument critique pour nous pour comprendre ce que représente la part de marché mondiale d’IE afin qu’on puisse mieux servir nos clients. StatCounter, à l’inverse, ne fait aucune balance géographique. Ils rapportent simplement leurs pages vues mondiales de manière absolue. […]

3. Les visiteurs uniques contre les pages vues absolues. Une dernière différence entre Net Applications et StatCounter est qu’alors que StatCounter rapporte seulement les pages vues sans aucun filtre, Net Applications rapporte les parts de marché basés sur les visiteurs uniques. C’est ce type d’analyse qui leur permets de réaliser des représentations plus précises des habitudes et comportements de navigation en retirant le pré-rendu de Chrome dans le but de séparer les pages vues réelles des pages vues invisibles. C’est également un moyen plus précis de déterminer la vraie utilisation d’un navigateur car elle est moins prédisposée à la fraude. Wikipedia indique que « mesurer l’utilisation de navigateurs par le nombre de requêtes (pages vues) faites par chaque agent utilisateur peut être trompeur. » Cela peut mener à une surestimation et même une fraude dans le cas où des bots réaliseraient un nombre important de pages vues.

Alors oui, Firefox est sur le déclin. Oui, Internet Explorer aussi. Oui, Chrome connaît une croissance fulgurante. Mais avant de se précipiter d’annoncer que Chrome est devenu le navigateur le plus utilisé au monde, il est important de comprendre comment les données qui l’affirment sont mesurées.

Apprenez à coder

La semaine dernière, Jeff Atwood (fondateur de Stack Overflow) a initié un débat sur son blog avec un article intitulé « Par pitié, n’apprenez pas à coder » :

La tendance à dire que « tout le monde devrait apprendre à programmer » est tellement hors de contrôle que le maire de New York City a réellement juré d’apprendre à coder en 2012.

Le Maire de New York veut apprendre à coder en 2012

C’est un noble geste pour recueillir les votes de la communauté high-tech de NYC, mais si le maire de New York City a vraiment besoin de taper du code JavaScript pour faire son boulot, c’est qu’il y a quelque chose de profondément, horriblement, terriblement de travers avec les politiques dans l’état de New York. Même si M. Bloomberg « apprenait à coder », avec mes excuses à Adam Vandenberg, je suppose que ça donnerait quelque chose comme ça :
10 PRINT "I AM MAYOR"
20 GOTO 10
Heureusement, les chances pour pour que cette fantaisie technologique arrive, même pour plaisanter, sont nulles, et pour de bonnes raisons : le maire de New York City va on l’espère passer son temps à faire le travail que des employés contribuables le payent pour faire à la place. D’après le site du bureau du maire, ça signifie travailler sur les programmes contre l’abstention à l’école, les améliorations des transports publics, le budget de la ville pour 2013, et… il faut vraiment que je continue ?

Pour ceux qui soutiennent que programmer est une compétence essentielle que nous devrions enseigner à nos enfants, au même titre que la lecture, l’écriture, ou l’arithmétique : pouvez-vous m’expliquer en quoi Michael Bloomberg serait meilleur à son travail quotidien de gestion de la plus grosse ville des USA s’il se réveillait un matin en étant un as du développement Java ? Il me semble évident qu’une lecture expérimentée, une écriture expérimentée, et au moins un niveau lycéen en mathématiques sont fondamentaux pour réaliser le travail d’un politique. Ou n’importe quel travail, pour ce que ça vaut. Mais comprendre des variables et des fonctions, des pointeurs et la récursivité ? Je ne vois pas.

Forcément, les réponses ont été vives et nombreuses. J’ai retenu notamment celle de Sacha Greif, webdesign Freelance : « Par pitié, apprenez à coder« .

« Apprendre à coder » ne veut pas forcément dire devenir le prochain Linus Torvalds, tout comme « apprendre à cuisiner » ne veut pas dire ouvrir un restaurant 3 étoiles.

Ça veut simplement dire avoir une compréhension basique du fonctionnement des ordinateurs plutôt que suivre aveuglément ce que vous dit un trombone qui parle (et peut être finalement être capable de programmer vos propres trombones qui parlent).

Si le premier article est particulièrement tranché, je reste persuadé que l’apprentissage de la programmation devrait être aujourd’hui obligatoire à l’école. Pas au même titre que la lecture, l’écriture ou les mathématiques. Mais au même titre que l’histoire, la géographie, la physique, la chimie, l’économie, ou la philosophie. Vous ne deviendrez pas un grand historien, chimiste ou philosophe en vous contentant des cours donnés au collège et au lycée. Mais aussi barbants que certains de ces cours ont pu vous paraître à l’époque, ils ont contribué à votre culture générale, et à la façon dont vous appréhendez et comprenez le monde qui vous entoure.

S’il me paraît important pour un quidam d’avoir des notions basiques en programmation, cela me semble carrément indispensable pour quelqu’un qui travaille dans le web. Mais c’est souvent loin d’être le cas chez les chefs de projet et les graphistes.

Chez Pixar, tous les employés sont invités à apprendre à dessiner :

Grâce à l’Université Pixar, les employés apprennent à voir le travail de la société (et de leurs collègues) sous un nouvel angle. « Les compétences qu’on développe sont des compétences dont nous avons besoin partout dans l’organisation. Pourquoi enseigner le dessin à des comptables ? Parce que des cours de dessin n’apprennent pas seulement aux gens à dessiner. Ça leur apprends à être plus observateurs. Il n’y a aucune société sur Terre qui ne bénéficierait pas d’avoir des employés plus observateurs. »

En apprenant à coder, vous n’apprenez pas seulement à coder (même si c’est plutôt cool). Vous apprenez à résoudre des problèmes. Je ne pense pas qu’il y ait une société sur Terre qui ne bénéficierait pas d’avoir des employés plus doués pour résoudre des problèmes. Ça vaut donc également pour le maire de New York.

Mais trop souvent, j’ai le sentiment que l’ignorance de la programmation parmi les chefs de projet web ou les graphistes est due à un total mépris du métier. « Je suis directrice artistique, je ne me vois absolument pas me lancer dans du développement JavaScript » (entendu à Paris Web, à 38min).

Quelque soit votre métier, vous devez être curieux, et ne jamais rechigner à apprendre quelque chose de nouveau. Récemment lues sur Reddit, je cautionne particulièrement ces paroles de Neil deGrasse Tyson :

Je suis poussé par deux philosophies principales. En savoir plus aujourd’hui sur le monde que j’en savais hier. Et en chemin, diminuer la souffrance des autres. Vous seriez surpris jusqu’où cela peut vous mener.

Ce serait hautain et condescendant de ne pas vouloir apprendre à cuisiner ou de ne pas vouloir apprendre une nouvelle langue.

Je pense que c’est hautain et condescendant de ne pas vouloir apprendre à coder. C’est décrédibilisant pour vous en tant que professionnel du web. C’est décrédibilisant pour vous en tant qu’être humain.

La vallée dérangeante du webdesign

Hier, Andrew Ray a lancé un appel aux webdesigners auquel je ne peux qu’approuver : « Arrêtez d’utiliser des ombres portées courbées« .

Le phénomène des ombres portées courbées est une mode de design dégoûtante qui doit cesser. Maintenant. Peut être que vous trouvez ça joli. Vous avez tort.

Ombre portée courbée - Exemple 1

Elles me donnent envie de vomir en créant une surface impossible.

Ombre portée courbée - Exemple 2

L’intention est de rendre les coins de l’image incurvés. C’est horriblement raté. Pour que l’effet marche, les coins devraient être visuellement déformés. Ils ne le sont pas. Ils sont parfaitement en angle à 90 degrés. Ça donne l’impression que l’image est placée sur une surface incurvée.

Si vous avez la moindre aptitude de repère dans l’espace, l’image ci-dessus doit vous rendre nauséeux. Le texte est placé sur une surface incurvée mais n’est pourtant pas déformé. C’est une structure impossible. C’est comme lire du texte sur un fond à motifs. Ça détériore inconsciemment la compréhension de la lecture, ça cause des indigestions, et ça dégrade votre crédibilité en tant que designer.

Ce n’est pas la première fois que je vois une mode aussi dégoûtante se répandre dans le webdesign. La dernière fois, c’était la mode d’ajouter des reflets sous tout et n’importe quoi.

Reflet dégueulasse Web 2.0

Devinez quoi, monsieur-le-graphiste-apprenti-sorcier-apprenti-physicien. Même dans les théories les plus folles de la physique quantique et des multiples univers parallèles, jamais l’écran de cet ordinateur ne se reflétera ainsi sur la surface sur laquelle il est posé. Jamais. Ça ne veut pas dire que vous ne devez jamais faire de reflets. Mais clairement pas comme ça.

Parce que le problème, quand je rencontre une erreur comme celle-ci sur une page web, c’est que mon cerveau passe immédiatement en mode « Oh oh, il y a quelque chose qui cloche ». Je vais essayer de passer à côté, de lire le contenu de la page. Mais mon cerveau va revenir à la charge : « Non mais t’as vu ce reflet ? Tu crois que ce serait possible en vrai ? ». J’essaierais quand même de poursuivre ma lecture. Mais ça me trottera toujours en tête.

En y réfléchissant, ça m’a rappelé l’effet de la vallée dérangeante (ou « Uncanny Valley » en anglais) :

L’effet de la vallée dérangeante est une réaction psychologique devant certains robots humanoïdes. Il décrit le fait que plus un robot humanoïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses. Ainsi, certains observateurs seront plus à l’aise en face d’un robot clairement artificiel que devant un robot doté d’une peau, de vêtements et d’un visage pouvant passer pour humain. La théorie prévoit cependant qu’au delà d’un certain niveau de perfection dans l’imitation, les robots humanoïdes sont beaucoup mieux acceptés. C’est pour cela qu’est utilisé le terme de vallée : il s’agit d’une zone à franchir dans laquelle chaque progrès fait vers l’imitation humaine amènera plus de rejet avant de finalement amener une acceptation plus grande.

La vallée dérangeante

Le problème des ombres portées courbées ou des reflets sous un produit, ce ne sont pas les effets en eux-mêmes. Mais c’est le fait que mal réalisés, ils ne sont plus crédibles et deviennent totalement repoussants. On atteint alors la vallée dérangeante du webdesign.

Le syndrome du développeur

Je rencontre souvent chez mes confrères développeurs une manie que j’ai pris l’habitude d’appeler le syndrome du développeur. Cette manie consiste à restituer des données telles qu’elles sont à la source. J’appelle ça le syndrome du développeur, mais je pourrais appeler ça le syndrome du technicien, car ce n’est clairement pas limité à cette catégorie professionnelle, et encore moins à l’informatique. Laissez-moi vous donner des exemples.

Le syndrome du plombier

Dans les toilettes de mon boulot, les robinets du lavabo sont arrangés comme ci-dessus (cette photo a été prise par Kev Adams, ce qui me rends un peu triste et honteux d’être tombé dessus et de m’en servir comme exemple). Cette disposition n’est évidemment pas du tout pratique à utiliser. Mais il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi ça a été installé ainsi : un tuyau d’eau chaude et un tuyau d’eau froide en entrée, un robinet pour l’eau chaude et un robinet pour l’eau froide en sortie.

Pour améliorer ça, il semble donc évident de devoir se séparer d’un robinet, pour n’avoir qu’une seule sortie d’eau. Mais là encore, les différentes installations qu’on croise dans notre quotidien sont loin d’être parfaites.

Une première solution consiste à conserver deux robinets mais une seule sortie d’eau (ci-dessous à gauche). Mais là encore, il s’avère difficile de jauger et d’ajuster la température. La meilleure solution est d’utiliser un robinet ajustable, permettant de contrôler très facilement le débit et la température de l’eau (ci-dessous à droite).

Encore des robinets

Si je vous parle de robinetterie, ce n’est pas à cause d’une soudaine passion naissante pour la plomberie. Mais c’est parce que je rencontre exactement le même genre de problèmes partout sur le web. A chaque fois, une donnée enregistrée est restituée telle quelle ou presque, sans chercher à savoir si elle est pertinente pour l’internaute.

Un exemple courant concerne l’affichage de dates. La solution la plus facile et la plus courante pour un développeur, c’est d’afficher une date au format « JJ/MM/AAAA HH:MM ». Cette solution semble naturelle, mais s’avère dans bien des cas complexe à comprendre pour l’internaute. Par exemple, en me connectant à mon compte Last.fm, je découvre les morceaux que j’ai récemment écoutés et qui ont été ajoutés à ma bibliothèque.

Une première présentation des dates sur Last.fm

C’est bien, mais ça ne m’avance pas à grand chose. « C’est qui ces groupes ? Quand est-ce que j’ai écouté ça ? Le 9 mai, c’était quand ça ? Et est-ce que la chanson de Gary Wright parle du logiciel d’Adobe ? »

En allant dans ma bibliothèque, je découvre une présentation différente des dates, beaucoup plus pratique.

La deuxième (et bonne) façon de présenter des dates

« Ah, c’était mercredi après-midi. Donc c’est surement ma copine qui a allumé mon ordi et qui a lancé des playlists. » Oh, et la chanson Dream Weaver, c’est dans la B.O. de Wayne’s World.

Un autre exemple que je croise souvent sur le web, ce sont les lignes panier des sites e-commerce. Le but d’une page panier, c’est de présenter les informations importantes de tous les produits, et de permettre certaines actions (suppression, modification de coloris/taille/quantité). Voici un magnifique exemple chez La Redoute.

Un tableau d'une page panier ayant subi le syndrome du développeur

Essayez de distinguer facilement les 3 maillots de bain que vous venez d’ajouter à votre panier. Le visuel n’est pas assez grand pour distinguer quoi que ce soit. Et les libellés des produits ont tous été tronqués et sont quasiment identiques. Admirez également au passage la très utile colonne « Offre spéciale ».

Vous pouvez très bien mettre en ligne un site tout à fait correct rempli des symptômes du syndrome du développeur, tout comme il est courant de rencontrer des robinets comme dans mon premier exemple. Mais si vous réfléchissez à ce qui est mieux pour l’utilisateur, vous apporterez une meilleure expérience utilisateur. Et ce travail, ce n’est pas qu’au développeur ou à l’intégrateur de s’en préoccuper, mais aussi et surtout au chef de projet et au graphiste.

L’hypocrisie de Mozilla

Cette semaine, Microsoft a laissé entendre qu’ils n’autoriseraient aucun autre navigateur qu’Internet Explorer sur la version ARM (pour tablettes) de Windows 8. Microsoft se rapproche ainsi du contrôle imposé par Apple sur iOS. Mozilla est aussitôt monté au créneau, suivi par Google, pour dénoncer cette pratique.

Si je désapprouve fortement la politique de Microsoft et d’Apple, la réaction de Mozilla me semble particulièrement hypocrite, comme le souligne Preston Gralla chez ComputerWorld.

Quand on insiste pour qu’il explique l’apparente contradiction dans l’attitude de Mozilla envers Apple et Microsoft, Harvey Anderson (avocat chez Mozilla) déclare :

« La différence ici est que Microsoft utilise le pouvoir de son monopole de Windows sur le marché des OS pour exclure la compétition sur le marché des navigateurs. »

Il y a tellement de choses fausses dans cette phrase, que c’est difficile de savoir par où commencer. Alors commençons par les bases : sur le marché des tablettes, s’il y a un pouvoir de monopole, il est dans les mains d’Apple, pas de Microsoft. Les derniers rapports IDC indiquent qu’Apple domine le marché des tablettes avec 68% de parts de marché. Les tablettes Windows se vendent à peine. Alors de quel pouvoir de monopole Anderson parle-t-il ?

Mozilla ? Hypocrites ? Noooon, jamais !

Ahem. AhemAhem.

La différence entre un intégrateur débutant et un intégrateur confirmé

La différence entre un intégrateur débutant et un intégrateur confirmé

Comparaison du temps passé par un intégrateur débutant et un intégrateur confirmé à faire du découpage dans Photoshop, coder en HTML, coder en CSS, faire du débuggage entre navigateurs.  

Pourquoi on appelle un bouton radio « un bouton radio » ?

Je ne m’étais jamais vraiment posé la question, mais cet article de Scott Hanselman m’a fait réaliser pourquoi on appelle un bouton radio « un bouton radio »  (avec la confirmation de Wikipédia).

Un bouton radio

Les boutons radio sont appelés ainsi car ils rappellent les boutons que l’on peut trouver sur les anciennes radios qui permettent de choisir d’écouter une station parmi les différentes fréquences préalablement enregistrées. Comme il n’est possible d’écouter qu’une seule station à la fois, lorsque l’on appuie sur un des boutons, si un autre est déjà enfoncé, alors il se relève.

J’ai honte de ne pas avoir su ça plus tôt.

L’intégration, c’est personnel

Il y a quelques années, j’étais tombé sur un article chez 37signals qui m’avait marqué :

Il y a quelques années, j’ai lu un livre sur les pédales d’effets pour guitares. Quelque chose que l’auteur avait écrit en introduction m’avait marqué : « Le ton est dans vos doigts. »

Il poursuivait son explication : vous pouvez acheter la même guitare, les mêmes pédales d’effets, et le même ampli qu’Eddie Van Halen utilise. Mais quand vous jouez avec ce matériel, ça va toujours sonner comme vous.

A l’inverse, Eddie pourrait se brancher sur une installation merdique de Strat/Pignose dans une boutique d’occasions et vous pourriez quand même reconnaître que c’est Eddie Van Halen qui joue.

Bien sûr, du matériel de luxe peut aider. Mais la vérité est que le ton vient de vous.

Je pense souvent à cette histoire quand les gens font une fixation sur le matériel plutôt que le contenu. Vous voyez le genre : des apprentis designers qui veulent une avalanche de polices fantaisistes et de filtres Photoshop mais qui n’ont rien à dire. Des photographes amateurs qui veulent débattre du film contre le numérique au lieu de ce qui fait en réalité une bonne photo. Des entrepreneurs qui se préoccupent plus de logiciels et de problèmes de mises à l’échelle plutôt que d’avoir en fait des clients et faire de l’argent. Ils passent tous à côté du but.

C’est particulièrement vrai pour l’intégration. L’intégration, c’est personnel. Vous avez beau avoir un super IDE, une charte d’intégration, une bonne connaissance des standards, votre code restera votre code. Le choix des balises, du type d’indentation, du nommage de vos classes et identifiants, restent intrinsèquement liés à vos propres préférences, et à votre propre style. J’ai par exemple tendance à être assez minimaliste dans mon HTML, mais un peu plus verbeux dans mes CSS.

S’il est assez naturel de voir la personnalité d’un graphiste transparaître à travers ses créations, il en va de même pour un intégrateur. Mais contrairement à un graphiste, le travail de l’intégrateur est souvent invisible, et beaucoup plus difficile à juger. Comme je l’expliquais le mois dernier :

Si vous voulez vraiment savoir ce que vaut un intégrateur, ne regardez pas ses pages intégrées. Regardez son code.

Conseils pour les concepteurs de jeux

Je suis tombé sur cette liste de conseils pour les concepteurs de jeux rédigée en 2004 par Jordan Mechner, le créateur de Prince of Persia. Après avoir parlé de Portal 2 et de Mega Man, je suis toujours aussi fasciné par les leçons à apprendre du monde du jeu vidéo pour le monde du web.

  1. Prototypez et testez les éléments clés du jeu le plus tôt possible.
  2. Construisez le jeu par étapes incrémentales. Ne faites pas de gros documents de conception.
  3. En avançant, continuer à renforcer ce qui est fort, et à vous séparer de ce qui est faible.
  4. Soyez ouverts à l’inattendu – tirez le maximum des propriétés émergentes.
  5. Soyez prêts à vendre votre projet à chaque étape en cours de route.
  6. C’est plus difficile de vendre une idée originale qu’une suite.
  7. De plus gros budgets et équipes signifient de plus grandes pressions pour rester dans les temps.
  8. N’investissez pas dans des outils de développement démesurément grandioses.
  9. Assurez-vous que le joueur ait toujours un but (et connaissez le).
  10. Donnez au joueur un retour clair et constant s’il s’approche de son but ou s’il s’en éloigne.
  11. L’histoire doit aider le gameplay, pas le submerger.
  12. Le moment où le jeu devient jouable pour la première fois est le moment de vérité. Ne soyez pas surpris si ce n’est pas aussi amusant que vous l’espériez.
  13. Parfois un tour bon marché est mieux qu’un plus cher.
  14. Écoutez la voix de la critique – elle a toujours raison (vous devez juste trouver de quelle manière).
  15. Votre vision initiale n’est pas sacrée. C’est juste un brouillon.
  16. N’ayez pas peur d’envisager de GROS changements.
  17. Quand vous découvrez ce qu’est le coeur du jeu, protégez le jusqu’à la mort.
  18. Peu importe tout ce que vous jetez, ce ne sera jamais assez.
  19. Mettez votre ego de côté.
  20. Personne ne sait ce qui va marcher.

« Est-ce que la grosse dame chante pour les préfixes navigateurs ? »

Kevinjohn Gallagher a écrit un chouette article détaillant le débat autour des préfixes -webkit- (rappel) et d’Opera, intitulé « Est-ce que la grosse dame chante pour les préfixes navigateurs ?« . Il a de bonnes propositions pour améliorer la situation :

La première action à prendre est de mettre la pression sur Apple/Google/WebKit pour implémenter les bons standards des propriétés en retirant le support de « -webkit- » lorsque la version non-préfixée est standardisée, et ne pas contourner le processus convenu. Ne vous trompez pas, en favorisant l’utilisation continue de « -webkit- » en dépis de la version non préfixée comme décris dans les spécifications CSS2.1 et CSS3, ce sont ces organisations qui ont donné aux développeurs la permission de ne pas écrire leur code d’une manière standard.

Deuxièmement, nous devons créer un endroit centralisé avec les bonnes informations, avec le bon niveau de détails. Vous et moi savons ce que nous faisons, mais franchement Internet est inondé de désinformation et de personnes contournant les standards dès que ça corresponds à un truc « cool ». Bruce Lawson me rappelait l’existence des Web Standards Curriculum qu’Opera ont ouverts et soumis au W3C; mais ce n’est pas écrit pour un développeur d’aujourd’hui, c’est écrit pour des gens qui sont déjà bien avertis.

Troisièmement, nous avons besoin que les services de validation HTML/CSS marquent le manque de standards comme des erreurs. Si vous avez un préfixe -webkit- et pas la version non préfixée, c’est une erreur. Si vous avez un préfixe -webkit- mais pas la version -moz-, c’est un avertissement (idéallement une erreur). Au fond nous voulons faire du web un meilleur endroit, et ça n’arrivera que si on éduque.

Quatrièmement, arrêtons avec la minification des CSS. Je sais que ça va causer une controverse, mais on ne gagne que quelques Ko et on rends le débuggage de notre code plus difficile pour les gens. Et avant que quelqu’un ne me sorte « l’excuse des données sur mobile », je vous en réfère aux images dans le responsive design, et le fait que des sites mis en avant par des magazines importants atteignent maintenant 5 Mo à télécharger sur un mobile ! Le web a grandit basé sur la capacité des gens à inspecter du code, lire, apprendre et reproduire; revenons en aux bases.

Cinquièmement, nous avons besoin que le CSS Working Group avance plus vite. Foutrement plus vite ! Une partie des cartes de Apple/Google consiste à dire que le CSSWG (et tous les autres groupes de travail impliqués dans CSS et HTML5) sont tellement horriblement lents à standardiser quoi que ce soit que les gens n’ont pas d’orientation claire et unifiée. Cette excuse foireuse ne marchait pas pour Microsoft à l’époque, et elle ne marche pas non plus maintenant; mais ça ne veut pas dire qu’ils ont tort, mais indique juste le niveau de négligence dont ils veulent se décharger.

Enfin, nous devons pointer du doigt et balancer des noms. Aucun d’entre nous n’aiment cette idée, mais il le faut, désolé. C’est la seule façon pour que les gens fassent attention. Prenez le top 10 000 d’Alexa. Prenez le top 500 FTSE. Prendez le top 100 des agences numériques et parcourez les sites qu’elles ont réalisé. Croyez moi, il ne faudra que quelques messages du genre « Les sites réalisés par R/GA ne fonctionnent pas sur 250 millions d’appareils mobiles » et les choses changeront.

Je suis assez d’accord avec l’ensemble de ces points, en particulier le deuxième invitant à éduquer les développeurs web, comme je l’évoquais ici. Le 4ème point me semble assez futile. Et même si le dernier point et l’idée d’une chasse au sorcière (comme l’avais suggéré Daniel Glazman) me dérange profondément, je crains qu’il ne faille en arriver là pour que les choses changent.