Un bon retour en intégration

Une partie de mon travail consiste à gérer les retours de mes collègues ou clients lorsque j’ai mal fait mon travail, ou lorsqu’un cas auquel je n’avais pas pensé se produit. C’est quelque chose de tout à fait sain. Je suis d’ailleurs bien plus rassuré d’avoir des retours après des tests sur une intégration, plutôt qu’aucun retour du tout. Sauf que mon enthousiasme pour gérer un retour est directement proportionnel à la qualité des renseignements fournis par son expéditeur.

Et malheureusement, il m’arrive de recevoir ce genre d’e-mails.

ASAP

Si vous envoyez ce genre de message, ou si vous pensez qu’il s’agit d’une façon appropriée de vous adresser à un autre être humain par courrier électronique, alors félicitations, vous venez de vous qualifier pour le titre de « La Pire Personne Au Monde », juste entre les prêtres pédophiles et les mamans qui congèlent leurs bébés.

Parce qu’un tel message n’aide personne. Il y a de grandes chances pour que le site ait été testé en bonne et due forme « SUR MAC » lors de son intégration. Et si la possibilité d’un bug sur une page en particulier n’est pas à exclure, « LE SITE NE MARCHE PAS » n’aide pas beaucoup à savoir ce qui cloche exactement. Et le « CORRIGEZ ASAP » ne m’incite pas vraiment à avoir de l’empathie pour ce problème qui vous semble si urgent.

Voici les informations que j’aime voir figurer lorsqu’on me remonte un bug en intégration.

  1. Assurez-vous que le problème ne vienne pas de vous. Pensez à rafraîchir le cache de votre navigateur, et vérifiez que celui-ci est configuré avec le niveau de zoom par défaut. (S’il est important de prévoir que son site s’affiche correctement selon différents niveaux de zoom, vous obtiendrez bien plus de respect de la part de vos intégrateurs en leur précisant que le problème survient à un certain niveau de zoom).
  2. Précisez de quoi vous parlez. S’il s’agit d’un problème sur une fiche produit, je veux savoir quel produit. Si c’est un problème lors d’un paiement, je veux savoir quel moyen de paiement. (Et si c’est un cheval, je veux savoir dans quelle course.) N’hésitez surtout pas à mettre une URL directement dans votre message de retour. C’est ça de temps en moins passé à rechercher est le problème pour chercher comment résoudre le problème.
  3. Précisez votre environnement de test : système d’exploitation, navigateur, appareil. Il n’est pas nécessaire de vérifier vous-même si le problème se produit sur plusieurs de ces critères. Dites-moi juste sur quoi vous avez testé, et je me charge du reste.
  4. Faites une capture d’écran. Rien de mieux qu’une capture d’écran pour comprendre un problème, plutôt que d’essayer de décrire en cinq paragraphes avec un jargon différent du mien (« il y a un décalage sur le drop sous le calque dans le push FD »). Et ne m’envoyez pas simplement une capture du bout de la page qui saute. Une capture d’écran complète de tout votre système peut me permettre d’identifier certains éléments extérieurs qui ont pu déclencher ce bug (« Oh, un plugin Skype. »).
  5. Précisez comment reproduire le bug. Si le bug n’apparaît qu’après une suite d’actions, précisez quelles actions vous avez effectué. Comme dans le cas précédent, une vidéo d’enregistrement de votre écran peut valoir mieux qu’un long discours pour des cas complexes.
  6. Priorisez. Si vous insistez pour m’envoyer une liste de cinquante retours par e-mails, alors indiquez moi ce que vous souhaiteriez voir résolu en priorité. (Et, non, désolé, mais tout mettre en priorité haute, ce n’est pas prioriser).

Merci d’avance !