Retour sur 24 jours de web, édition 2014
En décembre dernier, j’ai lancé la troisième édition de 24 jours de web, « le calendrier de l’avent des gens qui font le web d’après ». J’ai déjà donné quelques détails sur l’intégration du site. J’avais aussi écrit un compte rendu de l’édition 2012, mais rien sur l’édition 2013. Voici quelques remarques personnelles sur cette dernière édition et sur le projet en général.
L’édition 2014 a rencontré un joli succès. Du 1er au 31 décembre, le site a accueilli 21 308 utilisateurs pour 42 409 sessions 84 259 pages vues. C’est une belle progression par rapport à 2013 (17 395 utilisateurs pour 33 756 sessions et 69 677 pages vues) et 2012 (12 626 utilisateurs pour 27 453 sessions et 64 583 pages vues).
Les dons
24 jours de web invite ses visiteurs à faire un don pour une association choisie pour l’occasion. En 2012, l’association L’Abri avait récolté près de 650 €. En 2013, l’association Handiparentalité avait récolté près de 2500 €. En 2014, l’association Un Pas Vers La Vie a récolté un peu plus de 1650 €.
Quelques mois plus tôt, j’avais été touché par le documentaire « Mon fils, un si long combat » d’Églantine Éméyé, retraçant sa vie avec son fils atteint d’autisme et d’épilepsie. Je suis heureux d’avoir pu aider son association à travers 24 jours de web, passant ainsi de simple spectateur à modeste contributeur. Je suis un peu déçu que les dons n’aient pas dépassé ceux de l’an dernier.
En 2013, le site avait reçu 232 dons, notamment grâce à un bundle d’e‑books offert contre chaque don, peu importe le montant. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que cette « offre » s’est vite retrouvée sur des sites de bons plans et de codes promo. Résultat : sur les 232 dons, 118 étaient de moins de 10 €, dont 57 de 1 €, et 2 de 0,01 €. J’étais un peu dégoûté de voir des dons à un centime. Donner un centime, c’est comme payer quelqu’un au SMIC. C’est dire « j’en ai tellement rien à faire que si j’avais pu payer moins, je l’aurais fait ». Florence, de l’association Handiparentalité, me répétait que « les petits ruisseaux font les grandes rivières ». Mais sur les 2500 € récoltés, la moitié des dons ne représentaient même pas 250 €.
Alors pour 2014, j’ai décidé de retenter le bundle d’e‑books, mais cette fois-ci pour un don minimal de 15 €. L’opération a reçu 72 dons, oscillant entre 5 € et 100 €. Il y a donc eu 50 % de dons (supérieurs à 15 €) en moins par rapport à 2013. Je ne m’explique pas vraiment cette différence. Certains m’ont dit que le bundle était moins intéressant. Mais je vois plus ce bundle comme une récompense a posteriori, plutôt qu’une motivation a priori. De la même manière que j’imagine qu’on ne fait pas un don au WWF pour recevoir occasionnellement des jolis posters d’animaux, j’imagine (peut-être à tort) qu’on ne fait pas un don à l’association choisie pour 24 jours de web pour un simple bundle d’e-books. Je réfléchis déjà à comment améliorer ça pour l’an prochain. (Et je suis preneur de toute idée.)
Les articles
L’appel à auteurs lancé début novembre a été une nouvelle fois un succès, avec 53 sujets proposés (contre 42 en 2013, et 28 en 2012). Le choix était donc difficile. Détail amusant, j’avais précisé dans mon appel que « 24 jours de web, c’est aussi l’occasion de parler de sujets un peu à côté de la conception web (comme par exemple Le travail c’est la santé ou Un petit compliment bienveillant) ». Résultat, j’ai reçu une grande majorité de sujets « à côté », voire parfois même n’ayant strictement aucun rapport avec le web, et quasiment pas de sujets tournant autour de l’intégration. D’un côté, j’étais un peu surpris. Mais de l’autre, c’est bien, parce que ça veut dire que le projet va vraiment au delà de mon petit réseau Twitter habituel. Je pense que l’article qui se rapproche le plus de ce que j’avais en tête par « à côté » est celui de Thomas Jund sur un web en voie de développement. J’étais bluffé quand j’ai lu son article, parce que je crois que je n’avais jamais rien lu de semblable, même sur des sites anglophones.
Globalement, d’après les commentaires sur le site ou des tweets que j’ai pu lire, le programme semble avoir bien plu. J’ai quand même lu quelques commentaires négatifs, reprochant au site de ne pas assez parler de web, ou de se la jouer à l’américaine avec articles creux et idéalistes. Comme pour beaucoup, ce sont ces commentaires qui me restent en tête quand je vais me coucher. Mais pourtant, en surveillant chaque jour ce qui disait sur chaque article, je peux affirmer que chaque article a été une révélation ou un vrai coup de cœur pour au moins un lecteur.
Chaque année, je contacte aussi directement quelques personnes que j’aimerais bien voir écrire pour le site. Cette année, j’ai contacté davantage de femmes dont j’apprécie le travail ou les articles. Ce n’est pas une tentative de faire du féminisme à deux balles. Mais c’est plutôt issu d’un malheureux constat. L’édition 2012 comptait trois auteurs féminines (sur vingt-huit auteurs au total). L’édition 2013 comptait six auteurs féminines (sur vingt-quatre auteurs au total). Ça ne signifie pas que j’ai sélectionné avant tous les articles en me basant sur le sexe de leur auteur. Mais étant donné que nos parties génitales n’interviennent à aucun moment dans la réalisation d’un site web ou dans l’écriture d’un article, il n’y a aucune raison pour qu’il y ait une telle disparité dans les auteurs. L’édition 2014 comptait alors neuf auteurs féminines (sur vingt-huit auteurs au total). Ce n’est pas encore ça, mais on progresse.
Fait curieux : en 2013 et en 2014, j’ai été abandonné par un auteur à chaque fois. C’est à dire que quelqu’un a proposé un sujet, que j’ai retenu en indiquant les dates de remise de l’article. Les auteurs m’ont confirmé à chaque fois que tout était ok. Et puis le jour J, rien. Et après plein de relances, par mail ou sur Twitter, rien. Les auteurs en question n’étaient pas morts pour autant, puisqu’ils continuaient à tweeter ou écrire sur leurs blogs. Mais plus aucune nouvelle pour moi. Alors autant je peux comprendre que participer à 24 jours de web ne soit pas du tout une priorité et que les aléas du travail font qu’on ne peut pas toujours tenir les délais demandés, autant je ne comprend pas du tout le fait de s’engager pour ensuite ne plus donner aucune nouvelle. Je ne sais pas comment réagir par rapport à ça, mais c’est vraiment étrange comme situation.
L’illustration
En 2013, j’avais contacté un ami directeur artistique pour m’aider, bénévolement, à illustrer la page d’accueil, afin d’apporter une identité graphique un peu plus forte et mémorable. Le résultat avait beaucoup plu.
Tellement plu, même, que j’ai eu une drôle de surprise début décembre. En regardant les sites référents sous Google Analytics, j’ai remarqué que des centaines de visites provenaient d’un certain myfroggyville.com (une station de radio du fin fond du Kentucky). En me rendant sur le site, je ne voyais aucune mention ou lien vers 24 jours de web. Je pensais qu’il s’agissait d’une énième tentative de spam via Google Analytics. Mais jour après jour, les visites n’arrêtaient pas d’augmenter en provenance de ce site. Et c’est en y regardant de plus près que je me suis rendu compte que certaines pages référantes menaient vers le site suivant.
Quelqu’un avait littéralement copié/collé la page d’accueil de 24 jours de web (édition 2013) pour en remplacer quelques contenus et en faire un site à but commercial en partenariat avec la radio. Comme j’aime bien l’humour, ça m’a fait rire. Mais comme je ne détiens pas les droits sur l’illustration d’origine, ça m’embêtait qu’elle soit reprise comme ça. Et surtout, ce quelqu’un avait tellement copié/collé la page d’origine qu’il avait laissé des « 24 jours de web » un peu partout, ainsi que mon code de tracking Google Analytics (ce qui expliquait pourquoi je voyais l’adresse de la radio dans mes sites référents). J’ai donc contacté le responsable web de la radio, en lui demandant, s’il le voulait bien, d’adapter sa copie du site afin que la charte graphique n’ait plus rien à voir. Je n’ai eu aucune réponse. Alors au bout de quelques jours, j’ai fait ce que je déteste : j’ai pris toutes les adresses e-mails que j’ai trouvé sur le site de la radio, et j’ai renvoyé mon mail à toute la terre en copie. Cette fois-ci, j’ai eu rapidement plein de réponse de pleins de gens différents, qui se sont empressés de s’occuper de mon problème. Le lendemain, le webmaster avait modifié le site et s’est confondu en excuses. Tout est bien qui finit bien. Et je suis plutôt flatté de voir que quelqu’un ait réutilisé mon code sans trop de mal. Mais ça me fait rire que certains pensent encore qu’il est possible de faire des copies conformes sans que ça ne se remarque.
J’avais très envie de renouveler l’illustration pour l’édition 2014, mais je n’avais aucune connaissance en tête à qui demander. Et aussi, l’été dernier, un mouvement contre le travail gratuit dans le monde de la création graphique est né. La façon dont ce mouvement a été relayé à travers différents blogs ou forums m’a fait comprendre qu’il n’était pas du tout bienvenu de demander de l’aide à des graphistes, même quand il s’agit de projets personnels, à but caritatif. Alors j’ai préféré me taire. Mais l’idée me trottait quand même sévèrement dans la tête. Alors j’ai fini par tenter ma chance en postant deux tweets, qui disaient grosso modo :
Je vais probablement passer pour le nouvel Hitler, mais ça me trotte à l’esprit depuis trop longtemps alors il faut que je demande…
Est-ce que vous connaissez un illustrateur qui pourrait m’aider bénévolement à faire une nouvelle illustration pour 24 jours de web ?
Ce second tweet a été rapidement retweeté plus d’une dizaine de fois, la plupart du temps par des copains de Twitter. Et puis deux heures plus tard j’ai reçu deux réponses du genre « c’est une blague ? » ou « vous n’avez pas honte ? ». Alors j’ai eu peur. Ça fait trois ans que je travaille d’arrache-pied en décembre pour faire vivre 24 jours de web. Mais surtout ça fait trois ans que d’autres écrivent bénévolement, commentent, partagent, donnent à l’association soutenue par le site. Il n’est pas question que l’image du site ne soit ternie par une demande maladroite ou malveillante de ma part. Alors j’ai supprimé mes tweets, en postant un tweet du genre « tant pis, je garderais la même illustration ». Heureusement, Christelle Mozzati a vu passé tout ça et a parlé de moi à Mickaël Merley, directeur artistique, webdesigner et illustrateur. Il m’a contacté, je lui ai expliqué rapidement ce dont j’aurais besoin, et il s’est presque immédiatement mis au travail, en m’expliquant que c’était dommage que d’autres se soient indignés comme ça.
Je pense que le tort était partagé. C’était maladroit de ma part de faire une telle demande via un simple tweet. Ceux qui ont vu passé mon tweet, hors de tout contexte, ne me connaissant pas, ne connaissant pas le site, se sont forcément révoltés. C’est bête, mais c’est comme ça. J’aimerais beaucoup renouveler l’illustration à nouveau pour l’édition 2015, mais je pense que je m’y prendrais plus proprement, avec une page dédiée, comme pour l’appel à auteurs.
Organisation
En 2013, j’avais vraiment mal vécu le projet. Je venais de déménager, j’avais désormais une connexion de campagne, et je n’avais pas du tout le temps de m’occuper du site. Résultat, je passais au moins deux heures tous les soirs à relire et mettre en place les articles, ce qui n’était vraiment pas de tout repos. Heureusement mon collègue Jérôme m’a filé un coup de main.
Je ne sais pas pourquoi, mais cette année j’étais reparti pour tout gérer tout seul. Et heureusement, Stéphane Deschamps m’a proposé son aide pour la relecture des articles. Il a rapidement dû regretter quand je lui ai demandé en plus de m’aider à mettre les articles en place dans WordPress. Mais n’empêche que sans lui, je ne sais pas comment je m’en serais sorti. Pour la première fois cette année, j’ai pu me coucher à des heures raisonnables. Et on avait même parfois un ou deux jours d’avance dans la préparation des articles.
Il faut vraiment que j’apprenne à déléguer certaines tâches dans ce projet. Gérer les relations avec l’association, s’occuper de la mise en place des articles dans WordPress, accompagner les auteurs et leur faire des retours constructifs sur leurs articles, sont des tâches bien distinctes qui mériteraient une personne dédiée. Cela permettrait en plus de mieux gérer les tracas quotidiens du site (il y a eu quelques bugs rigolos aussi cette année), de faire une vraie promo du site au delà du réseau web habituel de Twitter, etc.
Et surtout, je pense qu’il faut que je m’y prenne plus tôt. Lancer l’appel à auteurs le 1er novembre, c’est tard. Ça ne me laisse quasiment pas le temps de relire les articles et de faire des retours constructifs à tous les auteurs. J’aime bien me dire que 24 jours de web, c’est un peu comme une journée de conférences, mais à l’écrit (et sur 24 jours). Mais une conférence, c’est très difficile. Parce que vous avez beau être préparé, le trac ou le moindre imprévu le jour J peut tout faire capoter. Alors qu’au contraire, avec l’écrit sur 24 jours de web, je devrais en profiter pour que chaque article soit parfait (que ce soit autant sur le fond que la forme). Si je veux que 24 jours de web vive et me survive, il faut que j’apprenne à déléguer et mieux gérer un peu tout ça.
Je suis aussi très preneur de vos retours. Alors si vous avez des remarques, des suggestions, des critiques, n’hésitez pas à m’en faire part ci-dessous ou par e-mail (commentaires@24joursdeweb.fr).
Encore un grand merci à tous les auteurs, merci à tous les donateurs, pour à tous ceux qui ont partagé le site sur Twitter, et à tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin dans ce projet !