Le travail paradoxal
Il y a quelques années, j’avais regardé une conférence de Jason Fried (le fondateur de 37signals) où il présentait sa vision et ses méthodes de travail. J’avais particulièrement aimé sa comparaison entre le travail et le sommeil (à partir de 8’40 dans la vidéo).
Vous pouvez comparez ça à du sommeil paradoxal (« en état MOR »). Quand vous dormez, votre sommeil n’est pas productif jusqu’à ce que vous soyez en sommeil paradoxal. C’est là où la magie du sommeil se passe vraiment. Et ça prends du temps pour arriver en sommeil paradoxal. Vous ne pouvez pas allez vous coucher et arriver au sommeil paradoxal immédiatement. Il vous faut au moins une demi heure ou plus pour y arriver. Et là, si quelqu’un vous réveille, ou s’il y a du bruit, ou quoi que ce soit, vous sortez du sommeil paradoxal. Et pour y revenir, vous ne pouvez pas reprendre là où vous étiez. Vous devez refaire tout le processus pour retourner en sommeil paradoxal à nouveau. Donc même si vous passez une nuit de 8 heures, vous n’avez pas vraiment dormi pendant 8 heures. Vous avez seulement eu quelques heures de sommeil paradoxal. Nous trouvons que le sommeil paradoxal est une bonne comparaison au travail.
On aime bien l’idée que le travail est comme le sommeil dans la mesure où ça prends du temps pour se mettre dans le flot de quoi que ce soit que vous soyez en train de faire. Vous ne pouvez pas vous pointer pas au travail et être productif immédiatement. Et personne ici ne travaille réellement 8 heures par jour. On va être présent au travail 8 heures par jour, on va être assis à notre bureau 8 heures par jour, mais on n’est pas réellement productif 8 heures par jour. Si vous avez quelques heures de bon travail dans une journée, alors c’est une bonne journée. Et ça prends du temps pour arriver à cet état, pour être en effet productif et faire du bon boulot. Et c’est ce qu’on appelle du « travail paradoxal ».
A chaque fois que quelqu’un vous touche l’épaule, il vous sort du travail paradoxal et il vous faut du temps pour revenir à cet état.
Je pense que c’est l’une des raisons qui poussent de nombreux développeurs, souvent malgré eux, à préférer travailler le soir ou le week-end. Au travail, la plupart des chefs de projets ou des clients n’hésitent pas à vous appeler ou à venir vous voir dès qu’ils ont la moindre interrogation. C’est chouette de pouvoir apporter une réponse dans l’immédiat. Mais il est rare qu’une question nécessite réellement une réponse immédiate. Très souvent, un mail répondu dans la demi-journée aurait largement pu suffire. Une interruption, même de quelques minutes, coûte en réalité bien plus en productivité.